Au lendemain de la sortie au vitriol de Charles Alphonse Wright contre l’Association des magistrats et son président Mohamed Diawara, cette dernière a dénoncé des accusations sans fondement.

Le bras de fer entre le Garde des Sceaux et les l’Association des magistrats de Guinée monte crescendo. Lors de son passage à FIM FM, le 21 août, Alphonse Charles Wright a  accusé Mohamed Diawara, patron de l’AMG, d’utiliser la suspension de Moussa Camara et Cé Avis Gamy, magistrats en service au TPI de Labé, pour régler des comptes personnels. Son « ancien ami » ruminerait le fait de n’avoir pas obtenu de lui le poste de procureur général de la Cour d’appel de Conakry.

Ce que dément Edouard Kouadio, porte-parole de l’AMG: « Si ce n’était pas d’ailleurs à cause du président Diawara, beaucoup de magistrats se seraient prononcés publiquement. Si nous avions suivi certaines propositions, ce n’est pas à un débrayage que nous allions appeler. On veut seulement en faire un débat de personnes ». Les magistrats ne pestent pas contre les sanctions « fondées », mais leur « publication ».

Mohamed Diawara a été l’un des premiers magistrats à essuyer une suspension. Le porte-parole de l’AMG rappelle que cette structure avait, à cette époque, préféré saisir le Conseil supérieur de la magistrature et avait obtenu gain de cause. Une décision non appliquée : « Nous n’avons jamais publié cette décision sur les réseaux sociaux parce que c’est ce que nous dénonçons tous les jours », précise Edouard Kouadio.

Le porte-parole des magistrats renvoie Charles Wright à l’article 39 du Statut des magistrats. « L’avant-dernier alinéa de cet article stipule que la suspension ne comporte pas privation de droits au traitement. Cette décision ne peut être rendue publique.Le Garde des Sceaux ne doit pas publier les décisions de suspension. Mais il se cramponne sur l’article 38 parce qu’il l’arrange ».

Edouard Kouadio pense également que le ministre de la Justice fait une interprétation erronée de l’article 537 du Code de procédure pénale. « On fait croire que la peine prononcée est de deux mois, ce n’est pas vrai. Le législateur n’a pas dit ‘’lorsque la peine à exécuter est de deux mois ou de six mois’’. Il a parlé de la peine prononcée. Dans le cas de Labé, le juge a fait son travail. Mais on veut faire croire que l’appel suspend immédiatement le mandat de dépôt, ce n’est pas le cas à tous les coups ».     

A propos de la collaboration difficile entre l’AMG et le département, Edouard Kouadio renchérit : « Nous avons proposé au ministre d’organiser une rentrée judiciaire pas comme les autres. Il nous a confié l’organisation avec le président de la Cour suprême. Mais l’affaire s’est vite effondrée à cause des agissements du Garde des Sceaux ». Et de marteler : « Le débrayage va continuer ».  

Yacine Diallo