L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a tenu son assemblée générale hebdomadaire ce 9 septembre. Un seul point au menu : la mort des cinq jeunes lors des manifs du 5 septembre et la veille.
L’atmosphère était pesante, les visages crispés au siège de l’UFDG le samedi 9 septembre. Militants et responsables du parti avaient du mal à cacher leur émotion suite aux meurtres par balles de cinq adolescents pendant la manifestation du 5 septembre et la veille. Ce qui a d’ailleurs polarisé les débats. Kalémodou Yansané, qui a présidé la séance, dénonce l’indifférence des autorités de la transition : «La manifestation est un droit, tuer une personne est un crime. L’Etat doit rechercher et punir les coupables, sinon il montre sa défaillance. Si les citoyens n’ont pas droit à la justice, ils sont amenés à se rendre justice, et le cycle infernal de la vengeance commence. Nous condamnons fermement les tueries perpétrées sur l’Axe ».
Dans le compte-rendu du dernier Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, ancien de l’UFDG, a affirmé que les autorités feront tout pour retrouver les auteurs de ces tueries. Le vice-président de l’UFDG prend ces engagements avec des pincettes : «C’est bien de construire des ponts, des infrastructures, d’inaugurer des routes, mais tous ces travaux ne valent pas une vie. Cinq jeunes, tous moins de 20 ans, ils n’ont même pas droit à la compassion. Comme les 25 autres avant le 5 septembre, ils n’auront sûrement pas droit à la justice. Pourtant, le rôle principal de l’Etat, c’est de protéger les citoyens. On dit qu’on va traquer les auteurs, nous le souhaitons vivement».
Mamdou Pathé Baldé, tué le 4 septembre à Sonfonia, regagnait sa dernière demeure, le vendredi 8 septembre. Sur le chemin du cimetière, des accrochages ont eu lieu entre forces de l’ordre et jeunes, massivement mobilisés et sûrement excédés par les tueries à répétition dans la commune de Ratoma. Les agents ont pulvérisé le cortège funèbre de gaz lacrymogène. Inhumain, selon Kalémodou Yansané : « Au même moment, le cortège funèbre a été gazé. Les démons du passé refont surface. C’est inhumain, rien ne justifie un tel acte. Malheureusement, cela touche toujours une certaine catégorie de citoyens. On n’en parle pas, mais les Guinéens ne sont pas cons, ils connaissent ceux qui sont visés. Il faut que cela s’arrête», plaide l’opposant.
Le 8 septembre, a succombé Abdoulaye Diallo, un adolescent blessé par balle le 5 septembre.
Yacine Diallo