Le mardi 5 Septembre 2023, à l’occasion de la célébration du deuxième anniversaire du coup d’Etat du colonel Mamadi Doumbouya qui a mis fin au régime du despote Alpha Condé, le ministre de la Justice Charles Wright s’est rendu à la prison de Conakry dénommée « la Maison Centrale » pour présider un tournoi sportif organisé pour les prisonniers. Si organiser des événements pour distraire les détenus dans cette horrible prison est salutaire, la présence autour du ministre de Dadis Camara et de Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, deux détenus dont le procès est en cours à cause des crimes commis le 28 septembre 2009 est regrettable.
Rappelons que le capitaine Dadis Camara, chef du putsch militaire qui a suivi la mort du président Lansana Conté en 2008, et son garde du corps Toumba Diakité sont au centre du procès des événements du 28 septembre 2009 en cours à l’heure actuelle pour les crimes horribles commis ce jour fatidique qui a connu l’assassinat, selon le rapport officiel des Nations unies, de 157 personnes, le viol en public par les soudards des Bérets rouges de 109 femmes, un nombre inconnu de personnes disparues et des milliers de blessés par armes de guerre.
Dans son discours de circonstance, le ministre s’est adressé au prisonnier Dadis Camara avec son titre usurpé de président. La coupe qui a été décernée au vainqueur lui été remise par Dadis Camara. On a vu Dadis et Toumba tenir la coupe ensemble en signe de réconciliation. Le ministre a couronné, par ce geste, cette mascarade de réconciliation. Rappelons que dans les jours qui ont suivi les événements du 28 septembre 2009, Toumba Diakité avait logé une balle dans la tête du Capitaine Dadis Camara qui avait survécu par miracle.
Ce geste du ministre Charles Wright est un camouflet fait aux victimes et une ingérence intolérable dans la procédure judiciaire en cours contre les commanditaires et auteurs de ces crimes. En s’affichant ainsi avec des personnes accusées de crimes aussi graves, le ministre méprise les victimes et prépare le public guinéen à un verdict de complaisance. Car la promesse de faire de la justice la boussole de l’action publique s’est révélée n’être qu’un vain slogan politique.
Pottal Fii Bhantal Fouta-Djallon condamne avec la plus grande énergie le comportement du ministre et l’invite à demander publiquement pardon aux victimes pour cet affront. Nous demandons au gouvernement de la junte du colonel Mamadi Doumbouya de sanctionner ce ministre et d’assurer aux victimes que le procès en cours n’est pas une simple mascarade judiciaire. Nous demandons à la Cour Pénale Internationale de rappeler au gouvernement guinéen que ce genre de comportement ne sera pas toléré et qu’elle se réserve le droit de se saisir de ce dossier.
Nous rappelons à la junte militaire guinéenne que le peuple de Guinée ne tolèrera pas un quelconque projet de réconciliation nationale qui consisterait à gracier les personnes jugées coupables à la suite du procès en cours.
La Commission Centrale de Pottal Fii Bhantal Fouta-Djalon