L’avocat général a également requis de 13 à 20 ans de réclusion criminelle pour six autres coaccusés. Dix-huit ans de prison ont été requis jeudi contre le rappeur MHD, jugé devant la cour d’assises de Paris pour le meurtre à Paris en 2018 d’un jeune homme, lynché dans le cadre d’un règlement de comptes entre bandes rivales.
L’avocat général a également requis de 13 à 20 ans de réclusion criminelle pour six autres coaccusés, dont l’un est en fuite et donc jugé par défaut. Il a par ailleurs demandé l’acquittement pour deux derniers hommes.
MHD nie toute implication
Interrogée pendant environ six heures devant une salle d’audience comble, la star a réfuté sa présence, en laissant toutefois planer quelques zones d’ombre
« J’y étais pas » : jugé aux assises à Paris, le rappeur MHD a nié ce mercredi à la barre avoir participé au meurtre à Paris en 2018 d’un jeune homme, lynché dans le cadre d’un règlement de comptes entre bandes de cités rivales, laissant toutefois planer quelques zones d’ombre.
L’artiste aujourd’hui âgé de 29 ans, de son vrai nom Mohamed Sylla, est le dernier des huit accusés présents à l’audience (un neuvième homme est en fuite et donc absent) à être interrogé sur cette nuit du 5 au 6 juillet 2018, au cours de laquelle Loïc K. a été percuté par une Mercedes, roué de coups et lacéré à l’arme blanche par une dizaine de personnes, avant de décéder.
Reconnu par des témoins
Au cœur du dossier, un règlement de comptes entre jeunes de la cité des Chaufourniers, surnommée la cité rouge, et celle, voisine, de la Grange aux belles dans les Xe et XIXe arrondissements.
Pour les enquêteurs, MHD, résident des Chaufourniers, aurait, au cours du passage à tabac, traîné la victime qui gisait à terre pour l’écarter de la voiture et lui aurait asséné de violents coups de pied dans la tête, avant de quitter les lieux.
Les raisons de ces soupçons ? La Mercedes ayant renversé la victime, filmée dans plusieurs vidéos et retrouvée incendiée deux jours plus tard dans un parking, lui appartenait. Par ailleurs, une des vidéos de la scène prise par un témoin depuis un appartement, montre un homme de type africain aux cheveux teints en blond, vêtu d’un survêtement Puma.
Or, à cette époque-là, MHD avait les cheveux peroxydés et était ambassadeur de la marque de sportswear, et certains témoins ont au cours de l’enquête affirmé le reconnaître.
« Soirée banale »
« C’était une soirée banale comme il pouvait y en avoir », relate à la barre MHD, silhouette longiligne et traits juvéniles, interrogé pendant environ six heures devant une salle d’audience comble.
Selon ses dires, il passe la soirée au bowling, rentre ensuite à la cité des Chaufourniers à bord d’une Smart avec un ami, tandis que cinq autres reviennent à bord de sa Mercedes, qu’il a l’habitude de prêter. Parmi ces derniers, trois sont aujourd’hui assis sur le banc des accusés, et deux autres, surnommés Moha et Besbar, n’ont à ce jour pas pu être identifiés par les enquêteurs. MHD raconte avoir ensuite discuté un peu à la cité avant de monter chez lui.
« A un moment donné, (…) je me suis aperçu, par la fenêtre de la chambre de ma petite sœur, qu’il y avait un attroupement autour de l’impasse » où était garée la voiture, dit le rappeur. « Quand j’ai mis ma tête par la fenêtre, la Mercedes, elle y était plus ».
« Mes téléphones, ils sont dans le véhicule », précise-t-il. Après avoir tenté d’appeler sur Snapchat ses téléphones via celui de sa sœur pour savoir où est la voiture, sans succès, il raconte être descendu et avoir attendu que la voiture revienne. Finalement, « une personne » lui rend ses téléphones. Pendant ce laps de temps, Loïc K. est agressé mortellement à quelques rues de la cité.
« Je ne veux pas mettre de mots sur ça pour le moment »
« Cette personne, c’est qui ? », lui demande la présidente. Après un long silence, MHD finit par répondre : « Je préfère pas répondre pour l’instant ».
« Pourquoi ? », interroge la magistrate. « Tout le long du dossier, vous savez très bien ce que les gens peuvent encourir… », souffle-t-il, faisant référence aux menaces de représailles évoquées lors des précédentes audiences par plusieurs des accusés pour ne pas désigner de coupables.
Sur cet homme, il n’en dira pas plus, de même qu’il refusera de s’étendre sur Moha et Besbar quand Me Juliette Chapelle, une des avocates des parties civiles, lui demande s’ils existent vraiment.
Revenant à la charge, la présidente observe que son refus de répondre suscite deux questions. C’est « soit parce que ça vous implique, soit parce que ça implique des gens qui sont proches de vous et qui sont dans la salle », dit-elle. « C’est juste que je ne veux pas mettre de mots sur ça pour le moment », lui répond laconiquement MHD.
Le Figaro & 20minutes