Dans le cadre de la prise en charge psychologique, sanitaire, voire financière des victimes du massacre du 28 septembre 2009, OGDH (Organisation guinéenne des droits de l’homme et du citoyen) et AVIPA (Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009) ont construit un centre pour les survivants (es) à Maférinyah. En conférence de presse samedi 23 septembre, ces organisations ont annoncé que le Centre pour survivant (es) sera inauguré le 28 septembre 2023, à l’occasion de la commémoration du 14ème anniversaire du massacre.
Selon Souleymane Camara de l’AVIPA l’objectif du centre est d’accueillir les victimes non seulement celles du massacre du 28 septembre mais aussi toutes les autres victimes de viol et de violence sexuelle. Il précise que « c’est un centre de prise en charge holistique qui aura en son sein des médecins, thérapeutes et des travailleurs sociaux qui pourront aider les patientes dans des activités génératrices de revenus. Le centre est bâti sur un site de 2000 m2 où nous aurons un musée, parce que l’un des problèmes de la Guinée, c’est le manque de mémoire collective. Nous sommes experts en effacement de l’histoire. Nous voulons que ce centre soit une mémoire vivante, un lieu de recueillement où nous ferons désormais les commémorations mais aussi un centre de prise en charge ».
Il a rappelé que le programme a commencé en 2019, pour une prise en charge ou réparation intérimaire des victimes du 28 septembre 2009. Selon lui, a eu lieu un programme de réparation individuelle et collective. Au total, 158 femmes victimes de viol et de violence sexuelle ont bénéficié d’une prise en charge médicale, psychologique. Aussi, chacune a été dotée de 10 millions de francs guinéens, pour mener des activités génératrices de revenus. Selon ce membre de l’AVIPA, c’est un projet pilote initié par les prix Nobel Nadia Mura et Dr Dénis Mukwege. Mais avant, raconte Souleymane Camara, un livre des témoignages des victimes a été publié en 2021. Parce que les victimes avaient souhaité marquer une empreinte indélébile dans l’histoire de la Guinée. « Parmi elles, il y en a dont les enfants ne savent pas ce qui s’est passé. A travers ce livre, non seulement ils sauront, mais aussi ils mentionneront leur histoire sur la Guinée, pour que le monde entier sache ce qui s’est passé ».
Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA, pense que la construction de ce centre est ouf de soulagement pour les femmes victimes et pour l’association. Elle a invité le gouvernement à accompagner les victimes. « Il faudrait absolument que le gouvernement fasse un pas important pour la protection des victimes, surtout pour la réparation que nous attendons de pieds ferme, sachant que nous avons des victimes qui sont malades, qui ont vraiment besoin d’une assistance sérieuse pour des soins et des prises en charge dans le cadre de l’accompagnement psychologique ».
Notons par ailleurs que le procès du massacre du 28 septembre, ouvert le 28 septembre 2022, devrait reprendre en octobre prochain, après sa suspension à cause des vacances judiciaires en fin juillet dernier.
Ibn Adama