Les actes et les discours des autorités de la transition ne rassurent poing la classe politique guinée-haine. À quinze mois de la faim de la transition, aucun des dix poings que comporte le chronogramme n’a été exécuté, d’où l’inquiétude des politicards qui craignent une transition ajournée au-delà de décembre 2024.
Le Rpg arc-en-ciel, ex-parti au pouvoir, accuse la junte de vouloir confisquer le pouvoir par les armes. Aboubacar Soumah, le leader de la Guinée pour la démocratie et l’équilibre (GDE), en exil, estime que la junte ne veut pas respecter le chronogramme de deux ans, établi en commun accord avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Il (Mamadi Doumbouya, Ndlr) ne veut pas respecter le chronogramme de transition, pas du tout. Il souhaite rester autant qu’il peut, en prolongeant la transition. Qu’il revienne sur ses pas et qu’il comprenne que plus dure la transition plus elle se complique et devient un problème », a déclaré Aboubacar Soumah, ce 27 septembre sur Fim Fm.
Le politicard estime que Mamadi Doum-bouillant, le prési de la transition, aurait raté son adresse à l’Assemblée générale de la 78e session ordinaire de l’Organisation des Nations unies (ONU). Pour le leader poétique, le discours de Mamadi Doum-bouillant à la tribune de l’ONU est plein d’incohérences et de contradictions eu égard aux engagements du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). « Il faut qu’il rectifie le tir, afin de sortir par la grande porte.»
Aboubacar Soumah exhorte Mamadi Doum-bouillant à œuvrer pour une transition « apaisée, équitable et inclusive.» Après une transition réussie, argument-il, Mamadi Doum-bouillant pourrait se sentir libre dans le bled, « sans être inquiété. Il n’y a pas d’homme fort, il y a qu’un moment fort pour un homme. Si tu gères bien ton moment fort, tu resteras dans les honneurs et la dignité. Mais, si tu le gères mal, ce sera compliqué.»
Les contradictions
Au lendemain du coup d’Etat du 5 septembre 2021, le CNRD a déclaré « prendre le pouvoir parce que la démocratie, les droits de l’homme sont bafoués et que la justice est instrumentale. Aujourd’hui, on déclare que le modèle démocratique n’est pas adapté, n’est pas gérable par l’Afrique et de laisser le continent choisir son chemin. Il y a contraction ! On dit qu’il n’est ni anti, ni pro-Français, ni anti ou pro-Européen, alors qu’il a la nationalité française et est marié à une Française. Là aussi, il y a problème. On dit que sa priorité, c’est le social, c’est l’économie et en troisième position la politique. Or, la transition est purement politique. Aussi, de la contradiction.»
En clair, la junte jette son dévolu sur l’économie : poses de première pierre et accélération des projets existants pour des inaugurations dare-dare. La politique, cadette de ses soucis de la junte, va attendre. Même si ça crie dans la rue et que les tueries perdureront.
Yaya Doumbouya