Du procès des douloureux événements du 28 septembre 2009, on tire déjà moult leçons qui laissent les observateurs perplexes. Que l’accusé se disculpe et mette l’autre dedans, rien que du classique. Après le témoignage de certaines victimes, comme Loucény Fall, Bah Oury, Bah Mouctar et bien d’autres encore, on ne peut pas ne pas plaider pour la comparution d’au moins deux catégories d’intervenants : les accusés des accusés et toute victime apte à accomplir le devoir citoyen de contribuer à la manifestation de la vérité. « Toute la vérité, rien que la vérité. » Parmi ceux-là, les électrons, libres ou non, qui gravitaient autour des dirigeants de l’époque. Même si la constitution américaine reconnaît à l’individu le droit de ne pas s’auto-accuser. Les Guinéens ont vécu trop d’injustices et de crimes de sang pour laisser condamner des innocents; des coupables, glisser entre les mailles du filet. Peut-être que ça viendra, comme le procès n’a pas encore dit ses derniers maux.
La première catégorie de potentiels invités, les accusés des accusés, pourrait inclure Alpha Grimpeur, dans l’opposition au moment des faits. El Dadis l’accuse d’avoir ourdi un complot contre lui. Quoique ce mot soit galvaudé en Guinée, Alpha n’a pas porté plainte pour diffamation contre le bouillant capitaine, à ce que l’on sache. Certainement Dadis sait de quoi il parle, sait-on jamais ! Membre influent des Forces Vives, Alpha n’a pas hésité à quitter Conakry pour Paris la veille des événements, le 27 septembre 2009. Et il aura été le premier à « révéler », dès lundi 29 septembre à 6h 30 sur les antennes de RFI, que c’est le Commandant Toumba Diakité qui a dirigé les opérations au Stade. Il est peu certain que RFI ait appelé Alpha Condé pour obtenir le son, malgré le volume des carnets d’adresses de ses journalistes. L’inverse est plus probable. Dr. Mohamed Diané, l’actuel détenu à l’hôtel 5 étoiles de Coronhie dans un autre dossier, se rappellera certainement avoir représenté le RPG à la réunion des Forces Vives au siège du FUDEC de Loucény Fall à Landréah.
Pour la seconde catégorie de potentiels invités à témoigner, les choses sont encore plus complexes, entre en le libre arbitre. Personne n’est convoqué, mais entendre certains à titre de témoins ne ferait pas de mal à la recherche de la vérité. Le gouvernement militaire du capitaine Dadis, avec un Premier ministre civil, a dû se faire une idée précise sur le massacre du 28 septembre 2009. C’est avant tout son équipe, solidarité gouvernementale oblige. Les explications du ministre de la Défense seraient d’un précieux pour la compréhension par l’homme de la rue de ces douloureux évènements. Le citoyen lambda eût mieux apprécié le rôle et la présence d’un ministre de la Défense dans la vie de la nation. Le Général Sékouba Konaté était en mission en Guinée-Forestière quand des membres des FDS qu’il commandait, peut-être en théorie, ont voulu réduire au silence éternel l’ensemble des Forces Vives de la Nation. Les absents n’ont peut-être pas toujours tort.
Les questions se posent encore. Qui pour démêler tous ces bruits qui nous inondent sur notre 28 septembre 2009 ? Est-il vrai que Général El Tigre Konaté s’était fait accompagner de membres on ne peut plus influents de l’entourage du capitaine El Dadis ? Qui pour confirmer ou infirmer qu’il y avait un « émissaire-taupe » du pouvoir parmi les Forces Vives pour jouer les médiateurs ? Il aurait même empoché, seul, les 70 000 dollars « préliminaires » destinés à empêcher la marche des Forces Vives; avec en toile de fond, le coup de main des Sages. Ceux-ci auraient sérieusement trainé le pied. Au Stade, les jeunes, eux, n’ont pas hésité de forcer la porte ; les FDS, de foncer sur la foule. Et tout bascula. Malheureusement.
Diallo Souleymane