Entre Aboubacar Soumah et certains membres du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, la guerre est déclarée. Les bouffe la-craie accusent l’actuel secrétaire gênant du SLECG de vouloir conserver à vie la tête du mouvement. Ce dernier les soupçonne d’être manipulés.
Au SLECG, les nerfs sont actuellement au vif. En cause, une incompréhension entre Aboubacar Soumah, le tout puissant khalif du SLECG et certains de ses lieutenants. En toile de fond, la réunification des deux factions du SLECG et le congrès pour renouveler les instances dirigeantes dont le mandat se termine en décembre prochain. Des membres de l’actuel bureau exécutif voudraient non seulement qu’on hâte les pas pour mettre en place le nouveau bureau. Ils chercheraient également à pousser Aboubacar Soumah vers la sortie pour le remplacer par Kadiatou Bah, bosse de l’autre faction.
Le 1er novembre, une vingtaine de bouffe-la-craie a forcé les portes du siège du SLECG à Donka pour y lire une déclaration annonçant un congrès les 14 et 15 novembre, avec ou sans Aboubacar Soumah. Sauf que ce dernier ne veut pas se laisser marcher dessus. Il accuse le camp mené par Adrien Gbamy, son ancien chargé de Com, d’agir en sourdine au compte d’un « groupuscule manipulé » pour l’écarter du SLECG : « Dans la déclaration qui a été faite, il n’y a que deux membres du bureau exécutif. Ce groupe ne doit pas parler au nom des membres du bureau exécutif et des enseignants. Cette déclaration ne me fait ni chaud ni froid. Elle est nulle et de nul effet».
Les frondeurs accusent Soumah de lécher les bottes de Guillaume Hawing, ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation. Ils le prennent désormais pour celui qui empêche les bouffe-la-craie d’en découdre avec le MEPUA. Aboubacar Soumah dément : « Ils s’agitent pare que, selon eux, cela fait deux ans que je n’ai pas organisé de grève au niveau de l’éducation. Ils m’accusent d’être le conseiller principal du ministre de l’Education. Mais le syndicat, ce n’est pas seulement la grève. Nous n’allons pas en grève parce que le ministère trouve la solution à nos préoccupations. Nous ne pouvons pas allés en grève seulement pour aller en grève».
Pour ce qui est de sa retraite qui est devenue un argument pour ses détracteurs, Aboubacar Soumah estime que rien ne lui interdit de briguer le poste de secrétaire gênant du SLECG : « Une loi spéciale a été créée contre moi par Alpha Condé. Toute la Guinée est au courant de cela. Mais la Guinée a ratifié des conventions, on est membre de l’Organisation internationale du travail qui ne fait pas mention d’une telle loi spéciale». Il réfute l’accusation selon laquelle il ne voudrait pas entendre parler de congrès : « Les bureaux des préfectures et des communes sont arrivés à échéance. Il faut les renouveler avant d’organiser le congrès…Nous nous préparons à les renouveler. Les enseignants ne cotisent pas, il faut de l’argent pour organiser le congrès. Nous sommes en train de mobiliser les moyens auprès de nos partenaires».
Avant que cette crise n’éclate au grand jour, les deux factions du SLECG avaient promis d’œuvrer à la réunification. Les deux parties étudiaient la possibilité d’organiser ensemble un congrès. Cette idée n’a pas prospéré. Aboubacar Soumah accuse Adrien Gbamy et sa troupe d’être en réalité contre la réunification : « Eux-mêmes sont contre. Nous avons une fois tenu une réunion en bureau exécutif pour parler de la levée des sanctions infligées aux 8 membres du bureau exécutif national et membres de l’USTG. Nous avons décidé de pardonner à tous les camarades exclus. Cela a frustré le groupe qui a fait la déclaration parce qu’ils avaient remplacé ceux qui ont été pardonnés. En réunion, ils nous ont dit qu’ils peuvent tout accepter sauf le pardon à ceux qui avaient été exclus. C’est pourquoi ils ont monté ce plan pour réagir contre nous. Eux-mêmes ne sont pas prêts pour l’unification». A l’allure où vont les choses, l’on se dirige peut-être vers un SLECG à trois têtes.
Yacine Diallo