Samedi 28 octobre, l’avant-première du film Safari à Conakry a été projetée au CCFG (Centre culturel franco-guinéen). Un long-métrage de 105 min, inspiré, réalisé par le Français Dominique Philippe. « Une comédie au cœur de l’Afrique », dans laquelle l’art-triste Cheick Omar et l’humoriste Show Pedro, Fatou Barry et Maaté Keita incarnent les personnages principaux, en tant que flics et journaleuses.

Le film est à la base écrit pour le Mali, avant de finalement être réadapté et réalisé en Guinée. Dominique Philippe s’est inspiré du quotidien de Cona-cris. Il a mis en exergue des réalités telles que : la mafia, la corruption, l’influence du pouvoir, l’intimidation de la presse, l’insécurité, l’excision ou encore l’amour. Le tout est mélangé dans de l’humour décapant.

Nouvelles recrues de la flicaille, Thierno et Ismaël tentent de démanteler une organisation mafieuse. Au cours de l’enquête, ils font la connaissance et collaborent avec Sira et FC, deux journaleuses qui dénoncent la corruption et le trafic d’armes de deux bandes de la mafia, dont les activités sont couvertes par des membres puissants du régime, dont des ministres. Ensemble, ils tentent de faire tomber les têtes pensantes de ce réseau mafieux. Ismaël finit par tomber amoureux de Sira pendant que Thierno dans son entêtement se fait torturer et refroidir dans un congélateur par des membres de la mafia.

Témoignages

Productrice et réalisatrice, Isabelle Loua a suivi le film « avec beaucoup d’intérêt ». Un ouf de soulagement pour le cinéma guinéen, selon elle, qui a encensé l’auteur de l’œuvre. Elle trouve le scénario « assez intéressant. C’est un drame comique très réussi. Ce n’est pas facile de faire un tel film en Guinée. C’est le résultat d’un travail discipliné et acharné ». Isabelle exhorte les autorités à soutenir ce genre d’initiatives, pour que les producteurs puissent servir le public guinéen qui a envie de voir ce genre de film.

Mamadou Lamine Diallo alias Mamadou Thug est l’un des représentants de la culture au CNT, Conseil national de la transition. Humoriste, il a été aussi acteur. Il a un regard positif sur le film et se dit honoré d’être parmi les premiers à visionner «cette excellente œuvre cinématographique ». Il est heureux de retrouver des amis avec lesquels il a joué dans des films. « J’espère revoir des milliers de films comme celui-ci ». L’auteur du slogan “ça, c’est moi ça’’ évoque la création du FODC, Fonds de développement du Cinéma, par le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat. « Nous espérons que ce fonds pourra soulager les cinématographes guinéens. Nous sommes conscients que le cinéma a un budget plus grand que certains ministères. C’est pourquoi, il faut beaucoup de moyens pour ce secteur. Il faut que le Fodc soit opérationnel avec un véritable fonds pour que le cinéma guinéen renaisse de ses cendres et prend son envol ».

Un film qui parle aux Guinéens

Le message véhiculé à travers ce film ? Dominique Philippe dit qu’il a fait du cinéma, il ne véhicule pas de messages spécifiques. « Le film porte ses propres messages, il parle de corruption, d’excision etc., des sujets dont chacun pourra se questionner dessus. Je fais des films, je raconte des histoires, je mets des personnages en action ». Pour lui, c’est un film d’actualité qui raconte bien de choses aux Guinéens. “Safari à Conakry’’, c’est aussi une façon de faire découvrir la Guinée, ses habitudes, ses traditions, ses coutumes, ses côtés positifs et négatifs. « J’ai passé 4 ans en Guinée, j’avais déjà écrit le scénario quand je suis arrivé. J’ai essayé de le réadapter aux réalités guinéennes ». Il avoue avoir été bien inspiré par votre satirique et ses caricatures dans la réalisation de ce film de comédie, qui a fait une part-belle au Lynx .

Un film précurseur

Acteur principal du film, Cheick Omar joue le rôle d’Ismaël. Il est satisfait et révèle que l’année prochaine, il sera dans un autre film long métrage. « L’expérience s’installe, on espère que le système va nous aider à évoluer. Parce qu’on a besoin de beaucoup d’investissement dans le cinéma. À travers ce film, on a lancé un message de justice, démontré que malgré les problèmes du pays, si on se donne la main dans l’honnêteté, on pourrait combattre les méfaits du pays ». Il a invité les Guinéens à voir le film, pour les soutenir et saisir le message. Le tournage du film a pris au moins deux mois en condensé, selon Cheik Omar. « En temps normal, avec toutes les interruptions, on se retrouve à six mois ou plus ». 

Parlant du cinéma guinéen, l’acteur parle d’une « renaissance de la confiance au cinéma ». Il rappelle que le cinéma guinéen existe depuis longtemps et que les films guinéens étaient reconnus partout dans la sous-région. « À un moment donné, le cinéma guinéen est devenu dormant. On espère le réveiller avec le peu de moyens que nous avons ».

Cheick Oumar souhaite voir un grand investissement dans le secteur. Pour ce qui est du Fonds de développement du cinéma, il prie pour qu’il soit effectif. Selon lui, « parler de fonds pour le Cinéma, c’est parler de la création d’emplois. C’est la seule forme d’art qui regroupe toutes les couches de la culture et la mode ». Il souligne que lorsqu’un film est financé correctement, chacun a un travail pendant tout le temps du tournage. Vivement donc la renaissance du cinéma guinéen !

Abdoulaye Pellel Bah