Dimanche 19 novembre, une journée culturelle, dans le cadre de la deuxième édition Adlam Pulaaku international, s’est tenue à la Maison des jeunes de Kipé, commune Ratoma. Elle a réuni onze délégations sous régionales et une d’Europe (France). L’objectif est de valoriser Adlam, promouvoir le pular.
La journée culturelle a été placée en l’honneur d’El Hadj Alsény Barry, le président de la Coordination nationale des Foulbhé et Haali poular de Guinée, qui s’est engagé à promouvoir le pular. Au menu, un concours en poésie et en slam, entre élèves des écoles Adlam de Guinée. Aussi, un panel et une prestation artistique. « Sukaabhé Adlam Winderé » vise à promouvoir les langues et systèmes d’écriture africains, encourager la jeunesse à s’intéresser aux langues nationales, sensibiliser la population sur les enjeux des langues.
Aysha Sow, la présidente de Sukaabhé Adlam Winderé ou Jeunesse Adlam international, déclare que le concours vise à sensibiliser la jeunesse sur l’importance de l’enseignement en langues nationales à travers nos systèmes d’écriture : Adlam, N’Ko. « On veut montrer au gouvernement que le caractère Adlam jouera sa partition dans le Programme d’alphabétisation de deux millions de Guinéens d’ici à la fin 2030. Il y a en Guinée des livres de mathématiques, de la politique, de la religion édités en Adlam. Récemment, Microsoft nous a offert une tonne de livres pour les enfants afin de pouvoir lire, écrire et compter en poular à travers Adlam. »
Momo Damba, le directeur national de l’Alphabétisation, de l’éducation non formelle et de la promotion des langues nationales, estime qu’Adlam permettra mieux aux jeunes de maîtriser la langue pular. « En Europe, chaque pays fait la promotion de ses langues. En Guinée, on ne le fait pas. Certains sont même complexés de s’exprimer en leurs langues maternelles. » Selon lui, Adlam est déjà codifié dans le système d’écrire guinéen, il reste sa vulgarisation et son enseignement dans les écoles. « Nous sommes en train d’expérimenter le projet Elan (Ecoles et langues nationales en Afrique). On a commencé avec le caractère harmonisé. Après l’extension, nous allons penser à enseigner nos caractères locaux aux tout-petits. »
Rayonner la culture
Karim Samoura, le secrétaire général du ministère de l’Environnement et du développement durable, porte-parole de la ministre Safiatou Baldé, l’invitée d’honneur : « Nous avions étudié l’alphabet français. Désormais, Adlam nous permettra de traduire nos langues. C’est un grand pas vers la promotion de nos langues et de notre culture. C’est une contribution majeure au développement social, base du développement économique de notre pays. On n’arrive jamais à exprimer en français ce qu’on pense en pular. Il y a des intonations qui sont spécifiques au pular qu’on ne peut pas traduire en français. » M. Samoura ajoute que la possibilité d’avoir l’alphabet de nos propres langues permettra de mieux communiquer et de traduire les pensées et les émotions. Et que vulgariser un alphabet local favorisera le rapprochement des peuples, et le rayonnement de la culture.
Adlam est un système d’écriture alphabétique de 28 lettres (5 voyelles). Il s’écrit de la droite vers la gauche. Il a été créé en 1989 à N’Zérékoré par les frères Ibrahima et Abdoulaye Barry. «Adlam forme enfants, jeunes, adultes, femmes, de N’Zérékoré à Koundara et de Conakry à Siguiri. En 33 ans de vulgarisation dans le monde, nous avons formé 1 040 837 hommes et femmes à l’usage de l’alphabet Adlam », conclut Jeunesse Adlam international.
Yaya Doumbouya