J’étais tranquillement couché dans mon hamac, en train de balancer sous le cocotier, le chapeau de paille sur le visage, lorsqu’on m’a dérangé avec cette histoire de méfiance extrême.

Le Sofa svelte était, jurent des courtisans de la Cour royale, le bras droit du Gros Sofa.  Celui-ci ne faisait rien sans le consulter. On dit qu’il prenait très au sérieux ses conseils et recommandations. Ce qui, dit-on, a fait des jaloux dans le sérail. On va jusqu’à raconter que le Sofa svelte, toujours bien mis, jugé charismatique, se servait de ce privilège pour régler toutes sortes de… contes.  Sont-ce les péchés issus de ceux-ci qui retombent sur lui ainsi ? On ne saurait le démontrer, mais le Gros Sofa adopterait une attitude de gaucher maintenant, avec une méfiance extrême vis-à-vis de son ancien complice : plus de contact, encore moins de complicité, racontent des caciques de la Cour royale.  « On l’a viré du cercle un peu trop restreint de ceux qui ont le privilège de partager le repas avec le boss », croit savoir un aigri.

Ainsi va la vie des courtisans courtisés. Au fur et à mesure que le souverain s’enfonce dans le magma, il se méfie de ses meilleurs amis pour se rapprocher des marchands d’illusions. Certainement qu’on en est à ce stade dans la Cour royale. Ne dit-on pas qu’entre deux colosses qui se suivent, le premier parle à l’impératif ?

Euh oui ! A moins qu’on ne se soit trompé sous le cocotier.