Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Lundi 4 décembre, Ansoumane Camara alias Baffoe, commandant de la CMIS numéro1 de Kameroun, cité comme témoin, a fait face aux questions des avocats.

 A cette deuxième comparution, Baffoe a indiqué qu’en tant que agents de maintien d’ordre, lui et son groupe avaient reçu l’ordre de ne pas laisser les manifestants se mobiliser, le meeting étant interdit. Il a donc placé les hommes à plusieurs endroits de Conakry, jusqu’à la périphérie du stade. C’est seulement quand il a reçu l’appel du Directeur général de la police qu’il s’est rendu au stade. Là, il a trouvé le ministre d’état colonel Moussa Tiegboro Camara chargé alors de lutte contre le banditisme et de la drogue. Ce qui, selon lui, n’était pas normal. « Pour moi, le ministre d’état n’avait pas sa place ce jour au stade ».  Parce qu’il estime que c’est cette histoire de sensibilisation de manifestants qui les a permis de se regrouper. « En tant que spécialiste de maintien d’ordre, je savais que si la foule se mobilisait, on ne pouvait plus la disperser. On ne peut disperser que lorsque c’est 10, 20, 30 voire 100 personnes. Quand ça dépasse cela, on n’en pourra plus.  En ce moment, notre rôle est de sécuriser. Au stade, on était débordé, la foule était devenue compacte et plus forte que nous. Finalement, nous avons replié. Nous avons préféré fuir, parce que même le gaz était fini ». 

Ansoumane Baffoe dit que c’est l’arrivée de militaires qui a mis fin à sa mission. Puisque lui et ses hommes n’étaient pas armés. Il affirme avoir vu Toumba Diakité, seul, entrer au stade, suivi de Marcel Guilavogui et de Moussa Tiegboro Camara. Quand les militaires sont entrés à l’intérieur du stade, dit-il, les tirs de « sommation » ont commencé. Il reconnaît qu’il y a eu des morts et des blessés. « Si les militaires n’étaient pas allés au stade ce jour, on ne serait pas là aujourd’hui ». S’agissant de ce qui s’est passé à l’intérieur du stade, Baffoe répond qu’il n’est pas entré au stade, ses hommes non plus. Donc, il n’en sait rien.  « Quand les militaires sont venus, nous avions le même statut que les civils, pas armés, nous nous sommes mis à l’abri au commissariat spécial du stade ». 

« Marcel m’a manqué de respect »

A la question de savoir s’il connaissait Marcel Guilavogui,  Baffoe dit que ce dernier l’a manqué de respect au stade du 28 septembre, lors de la manifestation de soutien au capitaine Moussa Dadis au mois de mars 2009. « Marcel est venu, lui en tant que sous-lieutenant, il m’a appelé de façon bizarre, alors que j’étais lieutenant plein. Quand j’ai refusé, il a ordonné de m’arrêter. Comme j’avais des hommes, on a failli en venir aux mains. Comme je me suis senti humilié devant les civils, je suis allé au camp pour me plaindre. Mais je n’ai pas pu rencontrer le président Dadis et le ministre de la défense. C’est Toumba Diakité qui avait réglé le problème… »

Au moment où nous mettions en ligne, le procès a été interrompu et reporté à demain 5 décembre, à cause d’une coupure du courant électrique.

Mamadou Adama Diallo