Le 6 décembre, les associations de presse et le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) ont déclaré ennemis de la presse, entre autres, Nanard Goumou, le Premier ministre, Ousmane Gawa Diallo, ministre des Télécoms, porte-voix du gouvernement. C’est en riposte aux atteintes à la liberté de la presse et d’expression dans le bled.

Dans une déclaration rendue publique le 7 décembre, les associations de presse et le SPPG ont accentué la lutte pour la libération des ondes brouillées. Hormis Nanard Goumou et Ousmane Gawa Diallo, Djiba Diakité, le patron du Conseil national de régulation des postes et télécoms, Mamady Doumbouya, dirlo général de l’Autorité de régulation des postes et télécoms (ARPT) et Adama Condé, dirlo général adjoint de l’ARPT, sont aussi déclarés ennemis de la presse.

« En attendant le boycott des activités de l’ensemble des organes de la Transition dont la date de mise en œuvre sera communiquée ultérieurement, les médias privés sont invités à bouder toutes les activités organisées par les départements et services dirigés » par les ennemis de la presse. Les médias privés sont aussi invités à s’abstenir de couvrir les comptes rendus du Conseil des ministres « lorsqu’ils sont faits » par Ousmane Gawa Diallo.

Le 7 décembre, dans le cadre de la riposte, un courrier d’information a été déposé à la mairie de Kaloum, pour un sit-in le 14 décembre devant le siège de la Haute autorité de la communication (HAC), dénuée de toute solution face au brouillage des ondes. « Lundi 11 décembre sera une journée sans presse, mercredi 13 décembre une synergie contre les actes liberticides, le lendemain sit-in devant la HAC », déclare Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG. Et de renchérir que « la presse est menacée d’extinction » mais que ça ne marchera point. « Notre liberté, nos emplois et nos entreprises sont menacés. C’est un combat de survie, d’honneur que nous allons livrer afin de rétablir la dignité. »

A rappeler que le porte-voix du goubernement n’en est pas à sa première brouille avec la presse. Lorsqu’il a arraché les émetteurs de Sabari Fm et de Love Fm en mai dernier, le SPPG l’avait déclaré ennemi de la presse, pour la première fois. « Ce qualificatif ne sied pas », pestait Ousmane Gawa Diallo. N’empêche ! La presse, de nouveau, l’avait qualifié ainsi aussi en octobre, suite à la restriction imposée au site Guineematin.com.

Une situation qui va de mal en pis  

Le Groupe de presse Djoma Média, fondé par Kabinet Sylla alias Bill Gates, ancien intendant général de la Présidence (sous Alpha Grimpeur), traîne des ennuis depuis l’avènement de la junte au pouvoir. Bill Gates a été coffré en 2022, pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, entre autres, les comptes bancaires du Groupe Djoma Holding gelés. Le 26 novembre dernier, Djoma Fm a été brouillée. Le 6 décembre, « sur instruction des autorités, Canal+ a procédé au retrait à 17h 40 de Djoma TV de son bouquet, sans aucun préavis ni information », regrette Kalil Oularé, le dirlo général de Djoma Média. « Nous leur avons adressé une correspondance pour comprendre les motivations d’une telle décision, pas de réponse. Le Groupe est à jour par rapport à toutes ses factures à l’ARPT et aucune procédure judiciaire n’est engagée à ce jour contre notre média, ni aucune sanction de la HAC ne nous a été signifiée. »

Le 6 décembre, la fréquence de Sweet Fm du Groupe Hadafo média, a été aussi brouillée comme Espace Fm, du même Groupe, en faim novembre dernier. Fim Fm est la première des ondes brouillées le 24 novembre. Apparemment, l’an 2023 finit mal et 2024 s’annonce mauvais. Woïka !

 Yaya Doumbouya