Voilà plus de 48h depuis que le principal dépôt pétrolier de la Guinée est réduit en cendres. Le président de la transition, le colonel Mamadou Doumbouya, reste toujours dans un silence assourdissant. Le Forum des forces sociales de Guinée lui demande de sortir de son mutisme.

18 morts, plus de 200 blessés et près de 750 ménages touchés, voilà le bilan, encore provisoire, de l’explosion du dépôt pétrolier de Coronthie, dans la nuit du 18 décembre. San toucher les dégâts matériels. Depuis, le gouvernement, le Premier ministre en tête, tente de rassurer sinistrés et autres citoyens de la République qui sont dans le flou. Les autorités commencent à alléger les mesures drastiques prises à l’aube de l’incendie, notamment la fermeture des stations-service. Mais il y en a qui ne sont toujours pas totalement rassurés. Parmi eux, le Forum des forces sociales de Guinée, FFSG. Cette plateforme qui regroupe organisations de la société civile et syndicales attend plus des autorités. Le FFSG veut notamment une adresse à la nation du Président de la transition : « Face à l’ampleur du drame et aux doutes qui s’installent autour de l’origine de l’incendie, le Président de la transition doit s’adresser immédiatement à la nation, afin de rassurer sur la volonté de situer les responsabilités et respecter les différents engagements dont le retour à l’ordre constitutionnel avant le 31 décembre 2024 ». Une sortie de Mamadi Doumbouya pourrait, selon le FFSG, dissiper les doutes, notamment sur les folles rumeurs qui courent autour de l’origine de l’incendie.

Dès après le drame, les autorités ont commencé par fermer les écoles et les stations-service. Les essenceries ont particulièrement rouvert uniquement pour la vente du gasoil. Le Forum des Forces sociales leur demande d’impliquer les multinationales qui opèrent en Guinée pour éviter l’arrêt total des activités dans le pays : « Afin d’éviter la spéculation dans la gestion du stock de carburant disponible à travers le pays et pour réduire les effets d’une éventuelle pénurie de carburant, il faut solliciter auprès des multi nationales et autres gros consommateurs leur contribution à la solidarité nationale par la fourniture de carburant à travers leurs éventuelles réserves de consommation. Il faut aussi procéder à l’ouverture des stations de services pour la vente des stocks disponibles au prix officiel, tout en fixant la quantité de litres à servir à la pompe aux consommateurs par jour et par catégorie ».

Pour élucider cette affaire, une enquête est ouverte par le parquet général près la Cour d’appel de Conakry pour, entre autres, incendie volontaire, alors que le porte-parole du gouvernement exclut déjà la piste criminelle. Le FFSG invite l’État à plus de sérieux dans la procédure judiciaire « par une enquête nationale et si nécessaire, internationale ou mixte, sur l’origine de ce drame, dont la piste criminelle doit être explorée en priorité, au regard des doutes qui s’installent à tort ou raison dans les échanges entre Guinéens ».

La plateforme demande également la levée « immédiate de la restriction des médias et des réseaux sociaux » pour « libérer la population de la terreur des rumeurs et permettre l’effectivité de la solidarité par une communication objective et la circulation responsable de l’information ».

Cette dernière recommandation risque de tomber dans de mauvaises oreilles. Les autorités de la transition ont déjà décidé de dessaisir les volontaires qui aidaient les sinistrés à la Grande mosquée Fayçal. Pour ce qui est de restrictions, elles n’en font même pas cas.

Yacine Diallo