Le bilan de l’incendie de la principale réserve de pétrole du pays à Coronthie, dans la nuit du 17 au 18 décembre, ne cesse de s’alourdir. Ce vendredi, il passe officiellement de 18 à 23 décès et à plus de 200 blessés. Mais ce bilan n’est que provisoire, d’autant que de nombreuses victimes restent alitées dans les structures sanitaires dans un état d’urgence absolu. Et pour couronner le tout, le Premier des ministres, Nanard Goumou, vient de dire devant les CNTêtards que « nombreux de nos compatriotes sont sous les décombres, nous ne savons pas exactement combien de Guinéens ont perdu la vie ».
Alors que les spéculations montent crescendo, les autorités judiciaires tentent, sans certainement hâter les pas, de déterminer l’origine du drame. Bien qu’Ousmane Gawa Diallo ait affirmé sans gêne que la piste criminelle était écartée, le ministre de la Fustige et des Droits de l’Homme a pris le contrepied. Il ouvre une enquête pour « incendie volontaire, destruction, homicide, coups et blessures volontaires ». Il active donc la piste criminelle, en ignorant royalement la sortie du porte-voix du gouvernement auquel il appartient.
Le ministre de la Fustige, Alphonse Charles Wrong, passe d’ailleurs à la vitesse supérieure. Chez nos con(.)frères de RFI, il annonce la mise en place d’un pool de juges d’instruction pour prendre en mains les enquêtes : « Le procureur général a déjà instruit le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum à l’effet d’ouvrir des enquêtes pour des faits présumés d’incendie volontaires… mais aussi tout ce qui est dommages collatéraux résultant de cet incendie. Le procureur de la République a pris une réquisition dans laquelle il a sollicité du président du TPI de Kaloum, l’assignation d’un pool de juges d’instruction. Cela veut dire qu’un seul juge ne pilotera pas le dossier eu égard à la complexité des investigations qui doivent être menées ».
Ce pool de juges d’instruction sera avec les enquêteurs de la police et de la gendarmerie. Selon le Garde des Sceaux, le travail commencera dès que « les éléments vont commencer à être remontés. De manière indépendante, les juges vont voir quelles mesures d’instruction entreprendre pour trouver des éléments factuels ». A voir si ces enquêtes vont prospérer dans un environnement où les tenants du pouvoir sont pratiquement tous tournés vers le m’as-tu-vu.
Yacine Diallo