Les télécommunications connaissent des sorts variés. Casse-tête en Guinée, comme la plupart des domaines essentiels de la vie moderne, ils constituent ailleurs, même chez nos voisins d’Afrique de l’Ouest, un ensemble « de vecteurs de croissance, » comme le montre Louis Avenant, chef de projet senior chez Itemate Solutions.
Le secteur dynamique des télécommunications en Afrique s’apprête à revivre une année exceptionnelle en 2024, en étendant ses activités et en élargissant ses offres de services pour répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus sensible au numérique.
D’après les prévisions de l’industrie, le secteur des télécommunications en Afrique affichera une croissance de 2,24 milliards de dollars au cours de la période 2020-2024. Cette croissance à long terme devrait être soutenue par le déploiement de la connectivité 5G à haut débit et par une gamme croissante de services complémentaires, en particulier dans le secteur des services financiers.
Il ressort des entretiens que nous avons eus ces dernières semaines avec les dirigeants d’entreprises de télécommunications en Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Sud qu’un certain nombre de défis communs ont été relevés. Les entreprises de télécommunications s’efforcent de sécuriser leurs flux de revenus existants en optimisant leur visibilité auprès de leurs associés commerciaux B2B.
Parallèlement, une multitude de nouveaux services et innovations orientés vers le client recèlent la promesse d’une plus grande rentabilité à long terme. Pour y parvenir, il faudra faire preuve d’audace : si les opérateurs de télécommunications ne sont pas prêts à prendre des risques pour stimuler une plus grande innovation, il y aura inévitablement de nouveaux acteurs qui le feront, revendiquant une part de marché et de revenus dans le processus .Alors que les opérateurs de télécommunications africains tentent de trouver un équilibre entre une rentabilité plus élevée et une meilleure protection des revenus, voici les tendances clés qu’ils devraient prendre en compte en 2024 :
La numérisation renforce la visibilité des canaux B2B
Dans les marchés des télécommunications sur l’ensemble du continent, du Kenya à la Côte d’Ivoire, en passant par la Tanzanie et le Swaziland, les opérateurs dépendent fortement des distributeurs ou des revendeurs pour stimuler les ventes et répondre aux besoins des clients. Cependant, un manque de digitalisation a laissé de nombreux opérateurs avec une visibilité limitée de leurs canaux B2B, engendrant des défis en matière de gestion des stocks, de projections de revenus et de gestion des coûts.
L’émergence de nouvelles plateformes technologiques et de systèmes éprouvés pour accroître l’efficacité et la visibilité va transformer la capacité des opérateurs à exploiter leurs canaux de distribution pour obtenir un avantage stratégique. Bien qu’il puisse exister une certaine résistance culturelle à une digitalisation accrue, les opérateurs pourraient utiliser des incitatifs – tels que des remises – pour encourager l’adhésion des distributeurs.
Cela peut également déboucher sur d’importantes opportunités de revenus pour les partenaires B2B qui peuvent tirer profit des capacités numériques dans l’utilisation d’une gamme plus large de produits et de services afin de mieux répondre aux besoins des clients.
L’innovation permet d’améliorer l’expérience des clients
Après avoir mené à bien leurs efforts de numérisation, les opérateurs de télécommunications peuvent proposer une gamme beaucoup plus complète de produits et de services, permettant ainsi d’améliorer l’expérience des clients. Cette offre peut prendre la forme de services financiers sur mesure, tels que des produits d’assurance ou de l’argent mobile, ainsi que d’innovations émergentes telles que les formules « Achetez maintenant, payez plus tard » (BNPL).
L’essentiel est d’intégrer ces services au point de vente afin de garantir une expérience rapide et transparente pour le client. Compte tenu des exigences réglementaires croissantes dans plusieurs pays africains, les opérateurs de télécommunications devraient s’assurer que leur technologie de contact avec les clients peut répondre aux exigences KYC afin de permettre la fourniture de nouveaux services.
Pour ce faire, les opérateurs de télécommunications devraient rechercher des solutions de point de vente qui offrent des flux transactionnels efficaces et qui peuvent répondre aux diverses exigences opérationnelles de l’industrie des télécommunications en Afrique, avec une riche liste de fonctions et de modules prêts à l’emploi.
L’adoption de l’eSIM gagne du terrain
Bien qu’il y ait encore des retardataires sur tous les marchés africains, la plupart des consommateurs délaissent les téléphones à fonctions multiples vers des smartphones plus fonctionnels. Les données de l’industrie indiquent que les volumes des téléphones fonctionnels passeront ainsi de 66,3 millions en 2019 à seulement 43,1 millions d’ici à 2028.
L’adoption des smartphones va également accélérer le déploiement des eSIM, qui présentent des avantages significatifs pour les opérateurs de télécommunications et leurs efforts visant à fournir une gamme plus complète de services à valeur ajoutée à leur liste d’abonnés.
Cette croissance sera principalement motivée par une clientèle plus jeune, avide d’accéder aux plateformes de réseaux sociaux et de profiter des avantages du secteur du commerce électronique en plein essor en Afrique. Il faut s’attendre à ce que les opérateurs de télécommunications lancent de vastes campagnes de promotion sur les réseaux sociaux pour attirer les jeunes utilisateurs vers les smartphones, à partir desquels ils pourront proposer une gamme complète de services afin d’accroître leurs revenus et leur rentabilité.
Louis Avenant
Chef de projet senior, Itemate Solutions.