Le 9 février, le carrefour Constantin rénové, dans la commune de Matam, a été inauguré avec tambour et trompette. Et les internautes de se demander s’il fallait en pleurer ou en rire. L’homme de la rue s’en est bien gaussé de nos néo princes qui sont décidément en mal trucs à inaugurer. Pas surprenant si, demain, on nous appelait à inaugurer un pas de mur d’un cimetière. « On pourrait citer de nombreux exemples de dépenses inutiles. Les murs des cimetières : ceux qui sont dedans ne peuvent pas en sortir, et ceux qui sont à l’extérieur ne veulent pas y entrer ». (Mark Twain)
L’ampleur donnée à l’inauguration d’une petite réalisation constitue une illustration. Les autorités ne lésinent pas sur les moyens quand il s’agit de montrer qu’elles ne chôment pas. Il ne sera donc pas surprenant si ces autorités déclarent le jour de l’inauguration des échangeurs de Bambeto et du KM 36 férié. A l’occasion de l’inauguration du pont de Kagbelen, un chef d’Etat d’Afrique de l’Est avait été l’invité de marque déposée. Le pont porte même son nom : Paul Kagame.
Le carrefour Constantin mérite plus que les travaux inaugurés la semaine dernière. Il ne s’agirait pas de voir ces travaux comme un verre à moitié vide. Mais c’est l’ampleur donnée à une petite réalisation qui intrigue. D’autant plus cette fameuse inauguration s’est déroulée pendant qu’un pays voisin abrite la coupe d’Afrique des Nations de football. L’occasion pour le monde entier de voir les immenses travaux réalisés dans ce pays pour le besoin de la cause.
Inaugurer un carrefour avec tambour et trompette pendant que certains voisins lancent les travaux de construction d’une ligne métro est le comble du ridicule. C’est de la poudre aux yeux d’autant que les populations, les yeux grand ouverts sur le monde, voient ce qui se passe ailleurs.
Les autorités inaugurent de nouvelles réalisations quand celles qui inaugurées il y a moins d’un an se trouvent dans un état de délabrement avancé. Le dicton : Tout ce que fait la saison des pluies, la saison sèche défait. Il y a quelques mois, les ronds-points de T7 et T8 sur la route Le Prince avaient fière allure. Deux mois seulement après la fin de la pluie, ces deux carrefours ressemblent à une zone sinistrée. Poussière, fleurs et gazons desséchés.
Visiblement, les jets d’eau dans ces deux ronds-points provenaient de la pluie. L’endroit est littéralement pris d’assaut par des jeunes en mal d’aire de jeu, c’est l’image de désolation. « Construire est bien, mais entretenir est mieux », cette phrase vaut tout son pesant d’or dans notre pays.
Et dire que des centaines de millions ont été sortis de nos caisses pour construire ces infrastructures, allez savoir quel en était le véritable objectif. Car ceux qui ont aménagé ces endroits ne sont pas des étrangers. Ils sont là. Observant l’état de délabrement des travaux réalisés il y a moins d’un an.
Les partisans du Président culbuté le 5 septembre 2021 soutiennent que les projets actuels ont été initiés par l’ancien Président. Les projets du CNRD sont restés au stade d’intention : le bitumage des communes urbaines de Tougué, Mali, Koubia et Lélouma avait suscité un grand espoir. Après l’espoir, le doute, les citoyens se rendent compte qu’il ne s’agit rien d’autre qu’un mirage.
Habib Yembering Diallo