Le 16 février, la basse-Cour suprême a rejeté le recours en annulation contre l’inculpation du colonel Bienvenu Lamah. La bosse de la Gendarmerie régionale de Cona-crime est poursuivi pour son rôle présumé dans le massacre du 28 septembre 2009.
C’était un tournant décisif pour le colonel Bienvenu Lamah. Le pandore, soupçonné de faire partie des instigateurs des crimes du 28 septembre 2009, caressait le rêve d’être libéré par la basse-Cour suprême. Hélas… La plus haute juridiction du bled a rejeté vendredi purement et simplement le recours en annulation déposé contre son inculpation par le pool d’avocats (sans vinaigrette) constitué pour sa défense.
Elle confirme ainsi la décision de la 2e Chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Cona-crime, ordonne par ailleurs la confiscation au profit du trésor public de la caution de 30 000 francs glissants déposés par les demandeurs. Bienvenu Lamah se voit donc obligé de rester au gnouf. Le temps pour le doyen des juges d’instruction du tribunal de Dixinn d’en finir avec les enquêtes et de décider de le renvoyer ou non devant la juridiction de jugement.
L’arrêt de la basse-Cour suprême ne semble pas surprendre la défense. Avant même le délibéré, un des avocats du pandore marmonnait : « Nous connaissons déjà le sort réservé à notre client, nous venons juste pour le formalisme ».
Pourtant, Me Zézé Kalivogui lui, ne s’attendait pas à une telle décision : « Nous sommes frustrés parce que nous ne pensions pas que les Chambres réunies pouvaient entériner une telle procédure. » Il compte désormais sur l’instruction pour démontrer l’innocence de son client : « Cette décision nous renvoie au tribunal de Dixinn pour que l’instruction puisse reprendre sur des charges nouvelles. Nous allons montrer qu’il n’y est pour rien dans cette affaire. Nous avons les armes pour cela ». Les munitions, aussi ?
Chez les avocats des parties civiles, c’est la fête. « Nous sommes satisfaits de la décision. On s’est battu pour mettre fin à l’impunité dans ce pays, pour que tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire soient jugés…Nous avons suffisamment démontré qu’il y avait matière à rejeter ce pourvoi », jubile Me Bernard Saa Dissi Millimouno.
Si le colonel Bienvenu Lamah est renvoyé devant la juridiction de jugement, les parties civiles comptent demander une jonction des procédures avec le procès en cours sur le massacre du 28 septembre 2009. « Dans l’intérêt de la procédure, et puisqu’il s’agit des mêmes faits », justifie Me Millimouno.
Bienvenu Lamah était un des responsables du camp d’instruction de Kaléah (Forécariah) au moment des faits en 2009. Mais lui avait bénéficié d’un non-lieu. Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, un des accusés, l’a dénoncé lors de sa déposition à la barre. Bienvenu a été convoqué, entendu, inculpé pour « complicité d’abus d’autorité, de meurtre, d’assassinats, de viols et coups et blessures volontaires », écroué à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. L’une des chambres d’instruction de la Cour d’appel annule son inculpation. La partie civile se pourvoit en cassation et obtient gain de cause. Le dossier, repris, aboutit à une nouvelle inculpation. C’est contre cette dernière décision que la défense avait introduit un pourvoi en cassation. Sans succès.
Yacine Diallo