Le lundi 19 février 2024 aux environs de 18 heures, le décret de dissolution du gouvernement a été lu sur les ondes de la RTG par le Général de Brigade, Amara Camara, entouré du chef d’état-major général des Armées et les chefs d’état-major particuliers. Dans une seconde communication, le Chef d’état-major général des Armées a égrené toute une série de mesures conservatoires contre les anciens membres du gouvernement. On retient pêle-mêle : retrait des documents de voyage, restitution de toutes les attributions, gèle des comptes, expédition des affaires courantes par les directeurs de cabinet et les secrétaires généraux, etc.
S’agissant des causes de cet orage en pleine période d’harmattan,chacun se perd en conjectures. Actuellement, de nombreuses contraintes aussi sérieuses les unes que les autres assaillent le gouvernement et le CNRD (impacts sociaux et économiques de l’incident du dépôt de carburant de Coronthie, augmentation du prix des denrées de première nécessité, menace de grève générale et illimitée…)
En outre, il n’est pas nécessaire d’être un observateur avisé de la politique guinéenne pour remarquer le bras de fer qui perdurait entre le Premier Ministre, Dr Bernard Goumou, et le Garde des Sceaux, M. Charles Wright, depuis belle lurette. Déjà, lors de la tournée de prise de contact du chef du gouvernement dans les ministères, le Ministre de la Justice avait été le seul à se soustraire du protocole édicté en la circonstance, à savoir l’accueil de la délégation à l’entrée du département, par le Ministre hôte. Ce premier bras de fer tourna à l’avantage du Garde des Sceaux.
Plus tard, préoccupé par le sort de Foniké Mengué et de ses codétenus, le PM s’approche du Procureur de la République pour s’informer avant d’envisager la meilleure façon de traiter ce dossier. M. Wright avait mal pris l’initiative de Dr Goumou et, de l’extérieur où il se trouvait, l’avait déplorée. Tout récemment, celui-là a écrit à celui-ci pour désapprouver les injonctions qu’il a adressées aux Procureurs aux fins de conduire des audits, notamment dans les EPA et les mairies. A la lettre du PM, le Garde des Sceaux répond par un traité de droit justifiant ses actes. Très rapidement, on ne sait par qui et pour quels besoins, les deux correspondances se retrouvent sur les réseaux sociaux au grand dam des grands commis de l’Etat ! Cette histoire de désamour entre deux serviteurs au sommet de l’Etat, déballée en public, expliquerait-elle en partie, la dissolution du gouvernement ?
K Abraham