Après plus d’un an au gnouf, Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Fulbhè et compagnie font enfin face à Dame Thémis. L’influenceur qui disait se battre pour la cause peule et ses coaccusés rejettent les accusations de « tentative d’attentat, de complot et complicité », articulées contre eux.
Nous sommes en 2020, au plus fort de lutte contre le tripatouillage constitutionnel par l’Alphagouvernance. Face aux multiples tueries visant particulièrement une zone de la capitale Cona-crime, un groupe de personnes originaires du Fouta-Djalon, décident de mettre en place une structure formelle pour, disent-elles, résister face à l’oppression. Elles créent, depuis la Belgique, la Coordination internationale du Fouta-Djalon pour le respect des droits humains et le développement durable, CIFD. Une structure censée « défendre les intérêts des ressortissants du Fouta ». Mais très vite, certains membres, excédés par les bavures le long de la route Leprince, commencent à appeler à s’en prendre aux farces de l’ordre, à la rébellion et à renverser le régime d’Alpha Grimpeur.
Ces messages attirent l’attention des autorités. Elles commencent à fouiner autour de cette organisation. Les bidasses qui ont pris le pouvoir en 2022, accélèrent les choses. Elles mettent la main sur un certain nombre de membres. Alpha Abdoulaye Diallo, boss de l’antenne CIFD-Guinée, Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Fulbhè, Mohamed Sow, Mamadou Baïlo Baldé, bidasse en sévices au GIR de Kindia et Mamadou Lamarana Guessè Diallo. Ils sont inculpés au même titre que Mody Sory Barry et Alpha Barry, considérés en fuite, qui, en réalité, résident en Belgique. Guidho Fulbhè et les quatre autres appréhendés sont écroués à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie fin 2022.
Leur procès s’est ouvert le 23 février, au tribunal de première instance de Kaloum. Mamadou Lamarana Guessè Diallo a déposé. Il reconnaît volontiers être membre actif de la CIFD, mais nie avoir participé à toute activité subversive : « La CIFD n’avait même pas commencé ses activités en Guinée. Nous étions dans la sensibilisation et dans la mobilisation, notamment. La seule activité que nous avons menée, c’est un sacrifice ». L’accusé explique s’être engagé dans cette voie, pour conscientiser les jeunes à demeurer en Guinée : « Pour nous, la CIFD était un mouvement qui pouvait empêcher l’émigration clandestine des jeunes guinéens, prôner la cohésion entre les communautés et permettre de réaliser des investissements colossaux au Fouta-Djalon ».
Sauf que sur la plateforme Whatsapp de la CIFD qui compterait au moins 20 000 personnes, des discussions autour de la déstabilisation des institutions républicaines se seraient tenues. Des membres dont Mamadou Lamarana Guessè Diallo auraient planifié des activités subversives, allant des manifestations de rue à la rébellion armée. Le ministère public étaye ces accusations de subversion par les « résultats des analyses des quatre numéros de l’accusé » qui, selon le procureur, montraient clairement que Guessè aurait bien discuté, d’actions violentes en Guinée, avec les autres accusés et avec d’autres membres de la plateforme. L’accusé nie tout : « Je n’ai jamais planifié de tels actes. Je sensibilisais les ressortissants du Fouta-Djalon, je suis un simple agriculteur. Je n’ai rien eu dans cette affaire, je n’ai obtenu que la prison ». Il déclare avoir plutôt été torturé pendant les enquêtes : « Nous avons passé 37 jours à la DPJ dans une cellule qui n’a pratiquement pas d’air, nous avons été torturés à la Direction générale des renseignements intérieurs pour que nous signions des procès-verbaux qui sont faux ».
Le tribunal a brandi des photos de l’accusé où il arborait une tenue de gendarme. Le ministère public l’assimile à des images prises au moment où Lamarana Guessè Diallo et ses amis de la CIFD se prépareraient à attaquer la Guinée. Me Alpha Amadou DS Bah, avocat de la défense, s’emploie à démonter cet argument : « La CIFD est une association comme toutes les autres. Notre client n’a pas été recruté pour agir contre la Guinée. Il n’a pas suivi de formation militaire au compte de l’organisation. Ce n’est pas dans une plateforme de 20 000 personnes qu’on va parler de déstabilisation. Ce serait une bêtise. » L’accusé de déclarer que ces photos datent de 2018, quand il était volontaire à la gendarmerie de TimbiM-Madina.
La défense a sollicité une libération conditionnelle pour ses clients, le pro-crieur s’oppose. Le juge rejette la demande et renvoie l’affaire au 1er mars prochain. Il faut rappeler qu’une grande partie de l’audience s’est tenue dans l’obscurité, le TPI de Kaloum étant privé de courant. La lumière n’est revenue qu’après 14h.
Yacine Diallo