La juge Hadja Fatou Bangoura a condamné Sékou Jamal Pendessa à 1 mois six jours de prison, (c’est-à-dire il est condamné au temps mis derrière les barreaux) et 3 mois assorti de sursis. Il est ainsi reconnu coupable de provocation direct à un attroupement non armé. Le journaliste rentre chez lui, aujourd’hui.
C’est dans une salle archi-comble de journalistes et de responsables syndicaux que le procès en appel de Sékou Jamal Pendessa, Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, SPPG, s’est tenu ce mercredi 28 février à la Cour d’Appel de Conakry à Kaloum. A la question de savoir s’il reconnaît les faits pour lesquels iI a été condamné en première instance, le journaliste a nié en bloc. Il a expliqué que le syndicat qu’il dirige a été plusieurs fois interpellé par des employés des médias brouillés qu’ils ont été mis au chômage. « Nous avons l’obligation de sauver les emplois. C’est pourquoi, nous avons entamé des actions pour rencontrer les autorités afin de lever le brouillage des médias et la restriction des réseaux sociaux. Comme ils n’ont pas été entendus, ils ont adressé des lettres aux mairies de Conakry pour informer de l’organisation d’une manifestation. »
Le journaliste a indiqué que la manif n’a pas eu lieu. Il a donc accordé une interview aux journalistes qui étaient présents à la Maison de la presse, sise au quartier de la Minière, avant de tenir une réunion. Mais quelques minutes après, il a été informé que des journalistes ont été arrêtés. Ce jour-là, de 12h à 19h 40, des gendarmes ont séquestré plus de 30 journalistes à la Maison de la presse. Avant qu’il ne soit arrêté le 19 janvier, puis placé sous mandat de dépôt le 22 janvier.
Sékou Jamal Pendessa accuse l’ex ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright
Sékou Jamal a rappelé que lors de son audition dans le bureau du procureur à Dixinn le 22 janvier dernier, le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, est entré avec fracas pour les interrompre. L’audition n’était pas terminée, lorsqu’on l’a placé sous mandat de dépôt. Il estime que c’est le ministre qui a influencé la justice, pour le mettre en prison.
Les avocats de la défense ont dénoncé la condamnation du prévenu en première instance. Selon eux, la décision prise était fondée sur la base d’infractions qui n’avaient pas été discutées contradictoirement à la barre. « Nous avons comme l’impression que la décision a été dictée. Normalement, le juge doit être poursuivi devant le Conseil supérieur de la magistrature, pour insuffisance professionnelle. » Ils ont demandé à la juge de relaxer purement et simplement Sékou Jamal Pendessa, « parce qu’il n’a commis aucune infraction. Il n’a fait qu’exercer les droits fondamentaux. »
Le procureur Ousmane Sanè a indiqué que c’est vrai que le SPPG avait adressé des lettres aux maires, mais il ne s’est pas plié à la décision administrative interdisant la manifestation décidé par les autorités. « C’est vrai que le syndicat a été dans toutes les luttes dans le pays. Mais les syndicalistes doivent passer par les voies légales, pour régler les problèmes. Soyez respectueux des règles. Je ne comprends pas pourquoi le syndicat peut exiger la libération de quelqu’un qui est en prison, pour maintenir la paix sociale. C’est dans l’esprit de maintenir l’ordre public que le procureur a agi. Nous sommes tous des Guinéens, nous devons prôner la paix. L’exercice des droits doit se faire de façon légale. » Le procureur requiert de retenir Sékou Jamal Pendessa des faits de provocation directe d’attroupement, pour infirmer le jugement en première instance et le condamner à 3 mois assorti de sursis. Ce que la juge a suivi.
Mamadou Adama Diallo