On l’a bien entendu, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Son ex-future-Excellence Charles Wright, soutenir que « la presse n’est pas l’adversaire du gouvernement. » Si les procureurs de la république près l’ensemble des juridictions du pays n’avaient pas l’injonction facile, je crierais à la lapalissade.
M. Charles Wright n’a pas eu le temps d’élaborer. Il a lancé sa découverte au cours d’une rencontre avec les patrons de presse le 19 février au Mystère de la Justice et des Droits de l’Homme. Le Gouvernement Gomou a été durement dissous peu après, sans que l’ex ministre ne s’enfonce davantage, faute de temps. Le futur étant l’inconnu par excellence, il avait projeté une autre réunion pour le vendredi 23 février, au même endroit, devant les mêmes journalistes certainement plus hébétés. Si on le reprend dans le gouvernement de Bas Oury, qu’il veuille clore ce chapitre pour en ouvrir un autre, moins connu, plus pertinent, plus perspicace, plus utile à la Refondation de la Transition du CNRD qu’il a l’air de tant aimer.
Tout le monde le sait. Philippe Reinhard le souligne avec force : « La presse et le pouvoir forment un vieux couple : ils s’aiment autant qu’ils se détestent, mais au final, ils sont incapables de se passer durablement l’un de l’autre. Frappée du sceau de l’ambiguïté, leur relation balance entre complicité et détestation, et leur interdépendance est telle que le soupçon de collusion pèse régulièrement sur eux.» Si Charles Wright avait pu tenir sa réunion du vendredi 23 février, rien ne garantit que « le problème entre le Gouvernement de la Transition du Général Doumbouya et la presse » n’eût trouvé de solution. La raison est toute simple : il n’y a ni problème de fond, ni solution simpliste. Il faut absolument extraire Jamal Pendessa, le Secrétaire gênant du syndicat des Professionnels des médias, des geôles de Charles Wright. Ce qui aurait fait de la rencontre ni face à face ni côte à côte entre le gouvernement et la presse. Le paradoxe ne peut être qu’apparent.
Relisez toutes les constitutions dont la Guinée s’est dotée, même celle relative au Parti-État, suspendue en 1984, vous verrez qu’à tout moment, le gouvernement est garant de la jouissance des libertés individuelles, collectives, syndicales des citoyens sur l’ensemble du territoire national. La Charte de la Transition du 27 septembre 2021 que chérit Charles Wright consacre la promesse de faire du citoyen guinéen un homme digne de nom. Mieux ou pire, les patrons de presse, interlocuteurs obligés de M. Charles, ont investi, se sont investis, pour inscrire dans les faits les promesses du pouvoir. Pendessa n’est Pendessa que parce qu’il défend les intérêts, la dignité, l’honneur du journaliste travailleur. Le patron de presse n’est patron que s’il procure du travail. Encore ne lapalissade.
Par bonheur, la réunion du 23 février a avorté par faute de la dislocation du Goubernement Goumou. Faut-il des réunions bihebdomadaires chez le ministre de la Justice et de Droits de l’Homme pour vivre dans un État de droit ? Espérons que ce B+A= BAH n’est pas un critère majeur pour faire entendre raison à la Primature !
Diallo Souleymane