L’opposant sénégalais Ousmane Sonko et son second, Bassirou Diomaye Faye, candidat à la présidentielle, sont sortis de prison jeudi 15 mars. Moins de dix jours avant l’élection, leur libération a provoqué la liesse à Dakar.
« On a vu votre soutien et votre solidarité. Nous sommes très contents », a lancé Bassirou Diomaye Faye, avant d’ajouter « Sonko est libre ». Le candidat à l’élection présidentielle et son mentor ont été libérés de prison jeudi 14 mars dans la soirée.
« Ils sont sortis devant nous. Ça y est », a assuré à l’Agence France-Presse un de leurs avocats Me Cheikh Koureyssi Ba. Un journaliste de l’AFP a également vu un 4 X 4 peu avant minuit s’éloigner en cortège de la prison du cap Manuel, situé à la pointe sud de la presqu’île du Cap-Vert, à travers une foule considérable drainée par la nouvelle de la libération. Deux heures plus tard, alors que le cortège progressait lentement dans Dakar, Bassirou Diomaye Faye a salué la foule en souriant depuis le toit ouvrant de sa voiture.
Renouveau ?
Ousmane Sonko, dirigeant du mouvement Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), bête noire du président Macky Sall, était en prison depuis juillet dernier après une condamnation pour appels à l’insurrection et complot contre l’État. Le Pastef avait également été dissous par le gouvernement après les manifestations de mars 2021 et juin 2023, où 28 personnes au moins avaient été tuées par les « forces de sécurité ». Ousmane Sonko a été également condamné pour diffamation envers le ministre du Tourisme, ce qui a permis de le déclarer inéligible. Pour le scrutin initialement prévu le 25 février, son bras droit Bassirou Diomaye Faye avait vu sa candidature validée : moins connu et populaire, il n’avait, pendant longtemps, pas représenté un danger pour le pouvoir. Mais lui aussi avait été emprisonné pour « outrage à magistrat et diffamation » après avoir critiqué les juges.
La libération des deux opposants sénégalais, qui incarnent pour beaucoup la rupture avec la présidence Macky Sall et des années économiquement éprouvantes, était anticipée depuis plusieurs jours après l’adoption, le 6 mars, d’une loi d’amnistie votée à l’instigation du président. Après plus d’un mois d’une crise politique majeure causée par le report de l’élection présidentielle par Macky Sall, le Conseil constitutionnel a finalement exigé que le scrutin se tienne fin mars, avant l’expiration du mandat de Macky Sall le 2 avril. Le premier tour aura lieu le 24 mars.
L’Humanité