Le procès d’Amadou Damaro Camara et Cie se poursuit devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières. Le parquet spécial qui estime qu’il existe encore de zones d’ombre dans la procédure.
Le parquet spécial serait-il à court d’arguments dans l’affaire Etat guinéen contre Amadou Damaro Camara, Michel Kamano, Zénab Camara et l’homme d’affaire chinois, Kim ? Alors que l’audience de 29 avril devait être consacrée à l’absence répétée du prévenu, Michel Kamano, le représentant du ministère public a, contre toute attente, requis de la Chambre du jugement la commission d’experts pour passer au peigne fin l’utilisation des quinze milliards de francs guinéens : « Il y a des zones d’ombre que nous constatons dans la procédure. Amadou Damaro n’a pas donné assez de détails. Nous demandons à la Cour de commettre des experts, notamment de l’Inspection générale d’Etat et les contrôleurs financiers de l’Assemblée nationale.» Le substitut spécial attend de ces experts qu’ils dénichent des failles à confondre les prévenus. Une demande accueillie favorablement par l’avocat de l’Etat : « Elle pourrait aider toutes les parties.» La défense n’est pas tout à fait contre, mais récuse que les agents de l’Inspection générale d’Etat : « On peut être d’accord sur le principe, mais sur les modalités, il faut que cela soit totalement contradictoire. Nous sommes convaincus qu’il n’y a aucune zone d’ombre, tout été clarifié», explique maitre Mohamed Kounta, avocat de Michel Kamano. Me Lanceï Doumbouya de renchérir : « l’IGE ne peut pas intervenir dans cette procédure parce que c’est un service d’inspection de l’Etat. Et l’Etat est partie à ce procès.» Il se demande d’ailleurs à quoi servirait une telle demande dans une procédure où la justice a passé plus d’un an à enquêter avant d’ouvrir les débats. Le juge Yagouba Conté a finalement ordonné la comparution de Saa Léno et Aïssata Diallo respectivement directeur financier et trésorière du Conseil national de la transition.
Damaro et Michel Kamano, ‘’malades’’
L’audience s’est tenue en l’absence des prévenus Amadou Damaro Camara et Michel Kamano. L’ex président de l’Assemblée nationale, détenu à l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéenne aurait eu un malaise au petit matin du lundi, les gardes pénitentiaires qui sont allés l’extraire sont revenus bredouilles : « On nous dit qu’il est sous soins, qu’il ne peut être là ce matin. On est surpris parce que l’ordre d’extraction est signé depuis le 25 avril. A l’impossible nul n’est tenu», explique un des substituts spéciaux. Damaro traîne depuis quelques mois une neuropathie et une symptomatologie qui l’empêcheraient de se tenir normalement débout. Son avocat sollicite une nouvelle fois sa mise en liberté : « Ouvrons les yeux, faudrait pas que ce qu’il est ce qui est arrivé à Louncény Camara arrive à Amadou Damaro Camara», alerte Me Lanceï Doumbouya. Une requête purement et simplement rejetée.
Michel Kamano, a été autorisé à voyager en octobre 2023, il n’est pas de retour. Ses avocats affirment que son état de santé ne lui permet de rentrer : « Au moment où je vous parle, Michel Kamano est en train de se faire opérer. Il ne peut pas être à cette audience. Il reviendra dès que sa santé le lui permet, il a hâte d’être à cette barre pour laver son honneur», ajoute Me Kounta. L’affaire est renvoyée au 13 mai prochain. Yacine Diallo