Des dizaines de milliers de personnes, qualifiées de « retournés » par l’OIM et de « maudits » par la société ivoirienne, errent dans les rues d’Abidjan et d’autres grandes villes de la Côte d’Ivoire. Ayant fui leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe, ces anciens migrants sont désormais confrontés à la réalité brutale de leur retour, marquée par la honte, l’échec et la détresse financière. Yassin Ciyow et Guillaume Collanges sont allés à leur rencontre.
Ils sont plusieurs dizaines de milliers à raser les murs à Abidjan, la capitale économique, et dans les autres grandes villes de la Côte d’Ivoire, tenaillés par la honte et le poids de leur échec. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qualifie les anciens migrants rentrés au pays de « retournés », tandis que leur entourage et la société ivoirienne les appellent « les maudits ».
Les uns ont vécu en Europe quelques années, les autres ont survécu en Afrique du Nord avant de tenter la traversée de la Méditerranée, et certains, enfin, ont été bloqués dans le désert du Sahara au début de leur périple. Tous ont fui leur pays et ont connu l’enfer de l’exode. Tous, aussi, sont rentrés sans pouvoir réaliser leur rêve d’une vie meilleure ailleurs.
De retour au pays, ils sont souvent brisés psychologiquement et financièrement, contraints de rembourser leur projet migratoire financé par la communauté. Seuls ou aidés par des associations, ces anciens migrants cherchent à se reconstruire et à se réinsérer dans la société. Mais certains ne pensent qu’à repartir, estimant que les raisons de leur départ n’ont pas disparu.
La Côte d’Ivoire se targue d’avoir l’une des économies les plus florissantes du continent. Elle est pourtant la première nationalité représentée parmi les demandeurs d’asile en France, et la deuxième en Italie. Bonne élève des institutions financières, la Côte d’Ivoire tente d’empêcher la jeunesse du pays de prendre la route de l’exil. Elle est soutenue par l’OIM, l’Union européenne et des agences de coopération françaises et allemandes, qui multiplient les campagnes de sensibilisation et les ateliers, ainsi que des productions audiovisuelles alertant sur les dangers de la migration.
Par France24