Les Forces sociales de Guinée fustigent «les dérives » de la transition et la velléité de la junte de se maintenir au pouvoir. Elles invitent le populo et les acteurs sociopolitiques à redresser la Transition.
Après le 5 septembre 2021, les putschistes avaient été applaudis à tout rompre. Trois ans plus tard, les Guinéens déchantent. «Nous nous étions embarqués dans un bateau dont on ne connaissait pas la destination. On nous a vendu un discours, personne ne connaissait la motivation et la vision des membres de l’équipage. Aujourd’hui, nous faisons face aux regrets, à la déception, à l’amertume et à la souffrance », s’alarme, Abdoul Sacko, le coordinateur des Forces sociales de Guinée, le 10 mai à la Maison de la presse.
Il ajoute que les autorités de la Transition « sont bloquées, ne savent plus où aller. Elles ne peuvent rien nous donner, ils ont atteint leurs limites ». Il faudrait arrêter « la descente aux enfers » que vit le populo. Et d’inviter les acteurs sociopolitiques à sortir de « l’hypocrisie », à se départir des intérêts personnels et faire face à l’avenir du bled.
Abdoul Sacko estime que la junte ne veut poing respecter le chronogramme de deux ans, « le contrat social qui nous a été vendu le 5 septembre a été délibérément violé. Il y a des dérives, et un manque de vision de la part » du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
« L’échec est patent »
Ibou Balaya Diallo, membre des Forces sociales, rappelle que lorsque Mamadi Doum-bouillant s’est emparé le pouvoir, il a déclaré ‘’qu’aucun Guinéen ne mourra pour avoir revendiqué ses droits’’. «Aujourd’hui, si on comptabilise, on se retrouve avec plus d’une cinquantaine de morts en moins de trois ans de pouvoir. En matière de violation des droits de l’homme, nous ne sommes pas encore sorties de l’auberge. Le constat est amer, mais réel.» Ibou Balaya Diallo estime que la junte aurait dû gouverner avec le populo et les Forces vives. Mais, elle aurait opté pour la violation des droits humains, la remise en question des fondamentaux et des idéaux, pourtant tout cela ne change poing le quotidien du populo.
«Nos droits économiques, sociaux et politiques sont bafoués, l’échec est patent. Nous ne devons pas nous taire face à cette situation. On nous a vendu des termes qu’on n’aurait jamais dû acheter : refondation, prise de responsabilité. Mais, l’Etat n’a pas été refondé, la prise de responsabilité n’a pu améliorer notre quotidien qui va de mal en pis.»
Mamadou Barry, membre des Forces sociales, déclare qu’il est nécessaire de se réveiller par rapport à la cherté de la vie, « notre rêve avec le CNRD a été un cauchemar.» Il exhorte les acteurs sociopolitiques à la dignité, à la vérité et au courage.
Yaya Doumbouya