Le Rpg arc-en-ciel invite la junte à se passer de certaines étapes du chronogramme, afin d’organiser les sélections cette année. Non sans dénoncer le manque de volonté de la junte.

A l’Assemblée générale hebdomadaire de l’ancien parti au pouvoir, le 11 mai, Lansana Komara a estimé que le Recensement général de la population et de l’habitat et le Recensement administratif à vocation état-civil sont « une fuite en avant. Les autorités de la Transition n’ont pas l’intention d’organiser les élections avant fin décembre prochain. Aucune phase en ce qui concerne le Recensement général de la population et de l’habitat n’a été abordée. Même pas la cartographie censitaire.»

La junte tient mordicus à la mise en œuvre des dix chantiers qu’elle juge nécessairement comme préalable à un retour à l’ordre constitutionnel. Ce qui, à l’allure où vont les choses, entraînera inévitablementun glissement de calendrier, comme le redoutent les acteurs politiques et de la société civile.

Pour le secrétaire administratif du Rpg arc-en-ciel, Lansana Komara, il faut forcément deux ans au moins pour achever les deux recensements. Il invite ainsi la junte à réserver ces activités aux autorités qui seront élues à l’issue des élections de décembre prochain. Histoire d’accélérer le retour à l’ordre constitutionnel. « Les recensements ne sauraient être exécutés par un gouvernement de transition, au risque de les bâcler », prévient-il.

Clin d’œil à Amadeus Oury

Face à « la rareté de financement en période de transition », Lansana Komara suggère le recours au fichier électoral existant, lequel « a fait l’objet d’audit » par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et la Francophonie. « Alors de quoi se mêlent les autorités de la transition ? Tous les acteurs politiques sont unanimes que le fichier électoral de 2020 est bon, les autorités de la Transition disent le contraire. » Et de souligner que la priorité devrait être la création d’un organe indépendant de gestion électorale. « Nous sommes pour une CENI consensuelle, rien ne nous détournera de cette position », martèle-t-il.

Marc Yombouno, du bureau politique, indique que le Rpg arc-en-ciel est prêt à accompagner la junte afin de respecter les deux ans de transition. En tout cas, le 31 décembre 2024 sera « la date buttoir » pour rendre le pouvoir aux civils. Il exhorte les acteurs de la société civile, les religieux et les Guinéens à œuvrer pour le retour à l’ordre constitutionnel.

A la faveur d’une conférence de presse le 10 mai à Cona-cris, le Premier ministre, Amadeus Oury Bah, a renforcé la conviction des Guinéens que les sélections n’auront pas lieu en décembre 2024. Une semaine plutôt, le Prési du Conseil national de la transition, Dansa Courroux-mât, s’interrogeait sur l’utilité de les organiser quand « ce sont toujours les mêmes qui gagnent. » Marc Yombouno se demande si les propos du PM et du Prési du CNT sont personnels ou reflètent la volonté de la junte. « Vous ne pouvez pas élaborer une charte, signer des engagements et que des personnalités à qui vous confiez leur réalisation nous disent autre chose. Nous attendons la voix officielle du Comité national du rassemblement pour le développement sur la question. Comment peut-on dire que la transition ne prendra pas fin cette année ? », interroge l’ancien ministre du Commerce de l’ère Alpha Grimpeur.

Yaya Doumbouya