Le 13 mai, devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief, deux cadres de l’administration parlementaire, ont comparu à titre de témoins. Saa Léno et Aïssatou Diallo ont apporté des clarifications sur l’utilisation des 15 milliards de francs guinéens, pour lesquels Amadou Damaro Camara et compagnie sont traduits en justice.

La Cour, le Parquet spécial et la partie civile (l’Agent judiciaire de l’État) attendaient de pied ferme la phase des témoignages dans cette procédure. Ils estimaient que dame Aïssatou Diallo et Saa Léno avaient des choses à dire qui « allaient certainement » étayer les accusations portées contre les prévenus. Mais le Directeur financier et la Trésorière n’ont pas fait de grandes révélations. C’est Aïssatou Diallo qui a ouvert le bal. Elle dit ne rien connaître dans cette affaire : « Les chèques bancaires sont établis à mon nom pour les paiements. Mais on ne me dit pas tel montant est destiné à telle tâche. Je ne sais pas comment les fonds arrivent ou à quoi ils servent. Je ne sais pas grand-chose de l’affaire des 15 milliards, c’est à la télé même que j’en ai entendu parler. » La fonctionnaire parlementaire révèle que même pendant la présidence de feu Claude Kory Kondiano, de l’argent avait aussi été payé dans les mêmes conditions pour l’ancien site : « Mais, cela n’avait pas posé problème. »

Dans cette affaire, on cherche à savoir sur quels éléments dame Aïssatou Diallo s’est basée pour émettre les chèques bancaires pour la SEG, EDG, la société Castor ou encore pour payer les primes des députés. Ordre lui a été donné de fournir à la Cour toutes les pièces prouvant qu’elle devait forcément émettre les chèques.

Quant à Saa Léno, il explique que c’est Michel Kamano, ex premier Questeur de l’Assemblée nationale qui lui a parlé de cette affaire : « Il m’a demandé si on pouvait puiser les 15 milliards dans le budget de fonctionnement, en attendant que l’argent soit disponible ? Je lui ai dit que c’est possible. Les 15 milliards, c’était la contrepartie guinéenne, l’argent devait être payé par le ministère du Plan. »

Pendant sa déposition, Damaro a affirmé avoir compensé tout ce qu’il a fait dépenser quand les 15 milliards sont tombés dans le compte de l’Assemblée nationale. Saa Léno ne confirme pas : « A ma connaissance, la restitution de cet argent n’avait pas encore commencé. » Son témoignage se poursuivra le 15 mai.

Yacine Diallo