Le ministre du Travail et de la Fonction publique, Faya François Bourouno, en point de stress à Cona-cris, a exposé les modalités de l’organisation du concours de recrutement des agents de l’Etat, session 2024. Au total, 140 000 candidats sont à évaluer pour un besoin de 10 000 agents.
En Guinée, chaque concours de recrutement à la Fonction publique a eu son lot de corruption, d’achats de matricules, de substitution, entraînant frustrations, revendications et parfois sit-in à l’enceinte du ministère du Travail et de la Fonction publique. La junte veut y mettre faim, en organisant désormais des concours dénués de toute fraude et de corruption. Amen !
Le concours de recrutement des agents de l’Etat annoncé se déroulera du 26 au 30 mai, avec une phase pilote. Les candidats sont scindés en 9 cohortes, chaque cohorte fera l’objet d’un concours. Il n’y aura donc à tenir neuf concours, conformément aux besoins des différents ministères. « Cette fois, nous allons sécuriser et filtrer le concours afin que ne soit recrutée que l’élite visée. L’innovation est qu’on ne va plus utiliser de papier, pas de correcteurs, pas de saisie de notes, qui constituent le plus souvent une chaîne de corruption », dénonce le ministre du Travail et de la Fonction publique.
Ce sera sur des tablettes paramétrées que les candidats traiteront les épreuves, soumettront le traité à une plateforme dédiée. Les notes seront également calculées « en toute transparence » dans la plateforme, ce qui rendra disponibles les résultats en un temps record. Toutefois, les concours seront « hautement surveillés » en salles d’évaluation, des candidats en difficulté avec le digital seront assistés par des techniciens, mais n’orienteront point un candidat sur le choix des réponses.
Conakry, Kindia, Boké, Mamou, Labé, Guéckédou, Faranah, Kankan et N’Zérékoré sont les centres du concours. Seuls les candidats retenus et ayant une pièce d’identité nationale biométrique feront le concours. « Nous avions remarqué qu’habituellement, des parents achetaient des matricules pour leurs enfants afin qu’ils intègrent à la Fonction publique. Ce n’est plus le cas. Nous voulons donner la même opportunité à tous les Guinéens, en toute transparence », déclare le ministre.
En Guinée, la plupart des fonctionnaires veulent servir à Cona-cris. Souvent, la mutation des agents de l’Etat à l’arrière-pays pose problème, nombreux sont ceux qui désertent leurs postes. Faya François Bourouno précise que les nouvelles recrues signeront des engagements avec de l’Etat, de servir partout où besoin sera. « L’Administration aura le plein pouvoir de se servir des recrues dans toutes les préfectures, selon les besoins exprimés par les ministères », jure-il.
« Nous avons tiré les leçons »
Le ministre du Travail et de la Fonction publique rappelle qu’il y a eu plusieurs concours de recrutement à la Fonction publique. La plupart, regrette-il, était caractérisée par une lenteur dans la publication des résultats (parfois sans résultats), l’opacité dans l’organisation, entre autres. « Nous avons tiré les leçons et voudrons un concours qui garantit l’intégrité, la transparence, la fiabilité des résultats, mais aussi promouvoir le mérite. C’est l’élite que nous voulons recruter pour servir le pays. On veut rompre avec le passé, où des gens se faisaient fabriquer des diplômes sur internet pour se faire recruter à la Fonction publique. »
Yaya Doumbouya