Le Front national pour la défense de la Constitution met en garde les autorités de la transition contre tout glissement du calendrier électoral. Il menace de reprendre les manifestations de rue au cas où le CNRD insiste pour s’éterniser au pouvoir.
Plus on s’approche du 31 décembre 2024, en théorie date de la fin de la transition, plus les nerfs se tendent. Après l’ANAD, la Coalition pour le retour à l’ordre constitutionnel, les Forces sociales, au tour du FNDC de mettre en garde la junte militaire et le néo Premier ministre contre la prorogation de la transition. Le responsable des Opérations du Front, Ibrahima Diallo, le 21 mai, a promis au CNRD une plus farouche opposition que la lutte contre le tripatouillage constitutionnel en 2019 : « Je le dis ici, et au nom du FNDC, nous nous opposerons fermement à toute idée de glissement de la transition par tous les moyens légaux y compris les manifestations dans les rues et sur les places publiques sur toute l’étendue du territoire national. Dans cette perspective, le FNDC se tient disposer à se concerter avec les forces vives de la nation sans exception. »
Le FNDC en veut surtout au Premier ministre qui ne cesse de justifier un éventuel report du retour à l’ordre constitutionnel. Pour Ibrahima Diallo, Bah Oury s’inscrit « dans la continuité des facteurs qui ont grippé cette transition qui sont l’unilatéralisme dans les prises de décisions, le mépris et l’arrogance dans le discours des autorités, le rejet et l’exclusion des acteurs sociopolitiques importants pour la vie de la nation et pour la réussite de cette transition ». Le locataire du palais de la Colombe, ajoute Ibrahima Diallo, aurait pu tirer son épingle du jeu s’il avait œuvré à rapprocher les positions si éloignées des militaires au pouvoir et des acteurs sociaux et politiques : « Le doyen Bah Oury, avec son parcours, devrait consacrer son séjour à la Primature à rechercher, dans la mesure du possible, des solutions qui pourraient contribuer à apaiser la transition dans l’intérêt général, plutôt que de privilégier ses propres intérêts et sa longévité à ce poste. Il a le choix entre trouver sa place du bon côté de l’Histoire ou graver son nom dans les pages sombres de cette transition. »
Ibrahima Diallo appelle le Président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, à redresser le navire avant qu’il ne soit trop tard : « Cette transition, bien que marquée par des imperfections, n’est pas encore totalement perdue. Son Président a l’occasion de rassurer les Guinéens en ayant le courage et l’audace de dialoguer avec les forces vives de la nation pour ensemble, sauver la transition en cours. Le dialogue est l’arme des plus forts, il permet d’entretenir la paix et la cohésion sociale, il permet également d’obtenir des solutions et des perspectives. On peut discuter de tout au cours d’un dialogue. »
Yacine Diallo