Le 18 janvier dernier, le CNT, Conseil national de la Transition, a examiné et adopté le projet de loi portant création de dix communes urbaines à Conakry et sept communes rurales à l’intérieur du pays. Les délégations spéciales de certaines nouvelles communes du Grand-Conakry évoluent dans des conditions précaires.

L’ancienne commune de Matoto a été subdivisée en trois communes urbaines : Gbessia, Matoto, et Tombolia. Celle de Ratoma aussi en trois : Ratoma, Sonfonia et Lambanyi. L’ancienne commune rurale de Manéah, jusque-là dans la préfecture de Coyah a été érigée en commune urbaine du Grand-Conakry. Le quartier Sanoyah qui relevait de Manéah devient aussi une commune urbaine. En attendant la construction des mairies pour ces nouvelles communes, les Délégations spéciales qui font office de Conseils communaux squattent des locaux inappropriés et quasiment non équipés.

La nouvelle Commune urbaine de Tombolia est limitée au nord par la route Leprince, à l’ouest par la transversale numéro 6 et son prolongement sur la mer, à l’est par la transversale numéro 9 (Lansanayah-barrage) jusqu’en bordure de mer et au sud par l’Océan Atlantique. Cette nouvelle délégation spéciale, dénuée de mairie, est pour l’heure logée dans le même local que l’ancien service état-civil de l’ex quartier Tombolia, sis au bord de l’autoroute Fidel Castro. A l’intérieur, les meubles tels que les chaises (en majorité en plastique) et les tables sont usés. Le 7 juin, vers 11 heures, Mamadi Traoré, le secrétaire général de la Délégation spéciale, nous reçoit dans son bureau exigu, plein de vieux meubles. Son bureau, équipé d’un vieil ordinateur, dispose de quelques chaises pour les visiteurs. « Le président de la Délégation spéciale est en formation. C’est lui seul qui peut répondre à vos questions », nous déclare-t-il.

La délégation spéciale de la nouvelle commine urbaine de Sanoyah est logée au premier étage de la Maison des jeunes, située aux abords de l’échangeur du Km36, dans le marché. Vacarme infini. Aux rez-de-chaussée et à l’intérieur du bâtiment grouille du monde, à cause d’une cafétéria, restaurant, labo photos, un cinéma improvisé. S’y frayer un chemin pour arriver au bureau de la Délégation spéciale, relève d’un vrai parcours de combattant.

Un bureau restreint en manque d’équipements informatiques, mais rafraîchi par une climatisation. Mariame Condé, la secrétaire générale de la Délégation spéciale de Sanoyah, nous déclare que son président est absent. « Nous allons prendre votre contact et vous rappeler dès que possible », assure-t-elle, submergée par une pile de dossiers sur la table.

Son bureau n’a ni ordinateur bureautique ni téléphone fixe, encore moins de photocopieuse et d’imprimante. A la véranda, Moussa Diawara, le chargé de la communication au sein de la Délégation spéciale, saisit un texte dans un ordinateur portable, posé sur ses genoux, dans une chaleur torride.

Siège de l’ex commune rurale de Manéah

Manéah, commune rurale érigée en commune urbaine, des bâtiments flambant-neuf abritent la Commune et plusieurs de ses services annexes. Problème : pas d’électricité. Dans la matinée du 7 juin, un groupe électrogène alimente la mairie. Dans certains bureaux, manque l’équipement : matériel informatique et meubles. Mais aucun responsable n’a voulu se confier à la presse. «Je ne parle pas sans autorisation préalable», nous lance la chargée de communication de la Délégation spéciale de Manéah.

Madame Madina Dansoko, la présidente de la Délégation spéciale de la Commune de Sonfonia voudrait bien parler de sa mission, mais ne peut accepter d’interview au téléphone à chaud. « Peut-être on aurait mieux fait de planifier ça pour un autre jour. Je ne peux vous répondre comme ça au téléphone en un coup », a-t-elle déclaré, se disant prise « à l’improviste ». Pardonnez notre maladresse, mais peut-on obtenir un rendez-vous pour un entretien téléphonique ou en présentiel autour de votre gestion de la commune de Sonfonia ? « Pour le moment, nous sommes sur l’installation, c’est trop stressant, il y a beaucoup de choses à faire, on est sur des urgences. Pour le moment, je ne donne pas d’interview, je ne réponds pas sur les questions de la commune, parce que je ne suis pas prête pour ça encore. D’accord ? » Oui, Madame !

En attendant, la construction des locaux pour les nouvelles mairies, les conseillers communaux récemment nommés après le mandat de cinq ans échu par les élus travaillent dans des conditions difficiles et devront garder leur mal en patience.

Yaya Doumbouya et

Mamadou Siré Diallo