La Nationale N°5, une heure de voiture devrait suffire pour parcourir les 108 kilomètres qui séparent Mamou de Pita. Mais sa dégradation poussée expose ses usagers à l’insécurité, à une perte énorme de temps et d’argent.

Au lieu de 1 heure, « le trajet en voiture peut prendre jusqu’à 4 heures entre Mamou et Pita », selon Alhassane Bah, chauffeur de taxi Conakry-Pita. De la capitale à Mamou, en passant par Kindia, la route est étroite, mais en bon état. A contrario, le tronçon Mamou-Pita est depuis quelques années très dégradé.

Le goudron a, à maints endroits, fait place à la poussière ou à la boue (c’est selon les saisons). Les secousses empêchent les usagers de bien admirer la beauté du relief foutanien, préoccupés de comment arriver à destination en un morceau.

Route impraticable, plaintes nombreuses, l’état piteux du tronçon est bien connu des autorités. En septembre 2023, le ministre des Infrastructures et des travaux publics d’alors avait fait état de discussions avec Henan Chine, en vue d’un partenariat public privé (PPP) pour financer la route Mamou-Pita-Labé. « Il faut savoir que la structure de la route est fatiguée et les travaux de semi-réhabilitation ne permettront pas de régler le problème », admettait Gando Barry.

Promesses sans lendemain ?

« Effectivement, la route date de longtemps. Elle a été construite sous le régime du président Lansana Conté. Depuis, il n’y a pas eu beaucoup de travaux d’entretien sur le tronçon. C’est comme si ce n’était pas une priorité pour les autorités. S’il y avait un travail d’entretien, la dégradation ne serait pas d’une telle ampleur », en convient Souleymane Bah, premier secrétaire du Syndicat des transporteurs et de mécanique générale de Pita.

Souleymane Bah, syndicaliste à Pita

En séjour de travail à Labé, l’actuel Premier ministre avait aussi annoncé le 11 mai 2024 des chantiers de développement dans la région, dont la réhabilitation de la route Labé-Mamou. « Par rapport à l’axe routier Labé-Mamou, de la même manière pour l’axe Mamou-Faranah, des instructions précises ont été données depuis quelques semaines pour que les travaux reprennent avec plus d’ampleur et d’accélération », indiquait Amadou Oury Bah cité par Guineematin.com, sans préciser quand débutent les travaux.

« Cela a été dit dans les radios et les journaux, des délégations ont été constituées pour attirer l’attention des autorités, mais jusque-là, Dieu n’a pas voulu. En attendant, nous sommes laissés pour compte », se plaint le syndicaliste Souleymane Bah.

Coupeurs de route, accidents, pannes…

En attendant, c’est un véritable casse-tête pour les usagers de la route nationale N°5. Pour Alhassane Bah qui fait la navette entre Conakry-Pita depuis 1993, c’est un défi quotidien d’affronter ce trajet depuis belle lurette : « En plus de son mauvais état, le tronçon est étroit. Entre Mamou et Pita, il y a plus de 20 parties où deux voitures ne peuvent pas ses croiser, à plus forte raison un taxi et un camion. Et les coupeurs de route en profitent bien. »

Alhassane Bah, chauffeur

Alhassane Bah l’a appris justement à ses dépens, victime de ces bandes armées qui font régner la terreur le long de nos routes. C’était en 2016, entre Dalaba et Pita, se souvient-il : « Ils ont tiré sur mes pneus, puis sur la voiture. Mon pied droit s’est fracturé. Ils ont pris tout ce que les passagers avaient. Cela a été favorisé par les nids-de-poule. Je ne suis pas la seule victime, beaucoup d’autres ont subi des attaques. »

Depuis, Alhassane roule souvent en convoi avec ses autres amis chauffeurs, pour voyager avec moins de risques. Toutefois, la consommation élevée en carburant, les pannes répétitives dues à la dégradation de la route et les nombreux accidents de la circulation persistent.

Diarouga Aziz Balde