Les épreuves du baccalauréat session 2024, lancées le 22 juin dans tout le pays, auraient fortement été entachées par des cas de fraude. Le ministère de l’Enseignement pré-universitaire, la justice et la police judiciaire cherchent à mettre le grapin sur les fraudeurs.
Malgré les mises en garde des autorités lors du lancement des épreuves, les premières journées du baccalauréat unique session 2024 ont été émaillées de nombreux cas de fraude, impliquant candidats et surveillants. Des cas ont été signalés dans les préfectures de Kindia, Labé et Siguiri, où plusieurs personnes ont été éliminées pour « fraude et substitution » lors des deux premières journées d’évaluation.
Fraude en bandes organisées ?
Il a été noté le recours aux réseaux sociaux, à travers la création de groupes WhatsApp et Messenger pour faciliter la communication entre fraudeurs. Invité de l’émission ‘’Face à l’info’’ de Nostalgie FM, le 24 juin, N’Valy Condé, professeur de philosophie et spécialiste des questions éducatives, n’a pas caché son indignation. L’État doit aller au-delà de l’élimination des fraudeurs, pour les traduire devant les tribunaux, suggère-t-il. « Personne ne doit cautionner ce qui se passe actuellement dans certains centres d’examens », a-t-il martelé.
Le ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, Jean-Paul Cédy, n’a pas nié les manquements qui ont émaillé aussi le BEPC et le CEE. En lançant le baccalauréat à Labé, il s’était indigné par cet état de fait, avant d’assurer que les irrégularités n’impacteront pas les résultats finaux. « Nous souhaitons que nos cadres conduisent ces examens avec beaucoup de responsabilité. Les imperfections dans l’organisation n’impacteront pas les résultats. Pour cette dernière épreuve, tout le monde doit se donner à fond pour rendre les examens normaux », avait-t-il espéré. Malheureusement, son appel n’est pas tombé dans de bonnes oreilles. Le ministre saisit la justice.
Plaintes, arrestations
Sur un ton ferme, le ministre a prévenu que les copies des candidats seront auditées pour garantir l’authenticité des résultats. « Ce n’est pas le pourcentage qui m’intéresse, mais de voir si les résultats reflètent effectivement le travail des élèves ». Jean-Paul Cédy a critiqué vertement les enseignants complices des fraudes, les qualifiant de « bandits » motivés par l’appât du gain. Il a appelé à une prise de conscience collective pour préserver l’intégrité des examens.
Au-delà, il a saisi la justice pour identifier et interpeller les candidats fraudeurs. Le Parquet du Tribunal de première instance de Kaloum a instruit la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) à investiguer pour débusquer les fraudeurs. Un communiqué du parquet de Kaloum publié le 24 juin annonce que plusieurs personnes ont été arrêtées pour leur implication présumée dans ces fraudes massives. « Les enquêtes se poursuivent pour identifier d’autres auteurs, coauteurs ou complices », prévient-il.
Le parquet de Kaloum a exhorté les candidats aux examens nationaux à refuser de s’inscrire sur les plates-formes de fraudes, au risque de voir leurs numéros fichés. Ce qui pourrait entraîner leur élimination pure et simple de l’évaluation et les exposer à des poursuites judiciaires.
Abdoulaye Bah