Du 11 juin au 11 juillet 2010, le pays de Nelson Mandela a organisé la XIXème édition de la Coupe du monde de football. Une première pour le continent, qui accueillait ainsi le plus grand événement sportif de la planète avec les Jeux olympiques.

En réalité, cette compétition aurait dû être organisée en Afrique quatre ans plus tôt, c’est-à-dire en 2006, n’eût été le scandale de l’attribution, contre toute attente, de l’organisation de l’édition de 2006 à l’Allemagne, au terme d’un processus controversé marqué par d’indignes tractations et pressions. Après ce triste épisode, le comité exécutif de la FIFA instituait un principe de rotation entre continents pour offrir à l’Afrique l’opportunité d’abriter une phase finale du Mondial. Une façon de faire oublier les dérobades de l’organisation, qui tergiversa pendant vingt ans, de 1956 à 1976, avant d’exclure l’Afrique du Sud raciste, comme lui demandaient la plupart des membres de la FIFA. En Mai 2004, Pretoria se voyait enfin confier le Mondial.

A la suite de ce choix, la satisfaction sud-africaine fut immense, voir les larmes de joie versées par son icône, Nelson Mandela, soulevant cette même année à Zurich le trophée de la Coupe du monde, après l’annonce des résultats du vote en faveur de la nation arc-en-ciel. « Ce sera une Coupe du monde africaine », lancera le successeur de Mandela à la tête de l’Etat sud-africain, Thabo Mbeki, au milieu d’une foule en liesse à Prétoria. Depuis ces moments historiques de mai 2004, les Sud-Africains ne sont plus préoccupés que de réussir cet événement planétaire, malgré un environnement international hostile où des milieux européens et leurs relais médiatiques ont semé jusqu’au bout le doute sur la capacité du pays à accueillir la manifestation.

Pour satisfaire aux prescriptions du cahier de charges de la compétition, cinq nouveaux stades ont été construits pour le tournoi (trois lieux de matchs et de deux nouveaux terrains d’entrainement), et cinq des sites existants ont été améliorés. Les coûts de construction ont été évalués à un peu plus de 1 milliard d’Euros.

En plus des stades construits et mis à niveau, l’Afrique du Sud a envisagé également d’améliorer ses infrastructures de transport public dans les différentes villes, avec des projets tels que le Gautrain et le nouveau système de Bus Rapid Transit (BRT) intitulé Rea Vaya. Le pays a mis en œuvre des mesures spéciales pour assurer la sûreté et la sécurité des touristes locaux et internationaux fréquentant les matches en conformité avec les exigences standards de la FIFA, y compris une restriction temporaire des opérations de vol dans l’espace aérien entourant les stades.

Au plan strictement sportif, à cette première édition de la Coupe du monde disputée sur le continent, nous avons eu droit à six représentants y compris le pays hôte à savoir l’Afrique du Sud. Par ordre alphabétique, ce sont respectivement, l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria. Au fil du déroulement de la compétition, ces pays ont enregistré des fortunes diverses. C’est ainsi, que seul le Ghana figurant dans le Groupe D en compagnie de l’Allemagne, de l’Australie et la Serbie se tira d’affaire, pour se qualifier au second tour. En huitième de finale, le Ghana vint à bout des Etats- Unis (2-1) après prolongation pour rencontrer en quarts de finale l’Uruguay.

Le match de la désillusion pour l’Afrique

Pour une fois que le Ghana atteint cette phase de la compétition, tous les espoirs étaient permis de voir enfin une équipe africaine figurer dans le carré d’as de la Coupe du monde. Disputé le 2 juillet 2010 au Soccer City de Johannesbourg en présence de près de 85.000 spectateurs, le match commence sous de bons auspices les Black Stars en menant avant la pause sur un but inscrit par Muntaru. Après les citrons, Forlan égalise pour l’Uruguay. Le match est serré et va jusqu’au bout de la prolongation, où les Sud-Américains souffrent physiquement face aux Africains plus incisifs. À la dernière minute Luis Suárez réalise un sauvetage désespéré sur sa ligne de but en sortant le ballon de la main. Ce geste volontaire, qualifié de scandaleux par les uns ou de « sacrifice » par les autres, entraine son expulsion logique et le Ghana obtient un penalty. Gyan rate l’occasion unique de propulser le Ghana en demi-finale en tirant sur la barre transversale et le match se termine sur le score nul de 1-1. Lors de la séance de tirs au but, les Ghanéens voient leurs tirs interceptés. Le dernier tireur de la Céleste, l’attaquant Abreu, ne tremble pas et qualifie son équipe en demi-finale pour la première fois depuis 40 ans en marquant d’une panenka. Des regrets pour l’Afrique qui rate ainsi une occasion de placer une équipe en demi-finale de la Coupe du monde. Un espoir qui sera heureusement comblé douze ans plus tard au Qatar avec les Lions de l’Atlas, qui seront battus par la France en demi-finale (0-2).

Thierno Saïdou Diakité