Après deux années de tergiversation, la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief, décide de le juger en l’absence de ses avocats. Mohamed Diané, le prévenu, lui, se mure dans le silence.
Entre la CRIEF et Mohamed Diané, le bras de fer ne fait que commencer. Décidé à faire exécuter deux décisions judiciaires ordonnant sa mise en liberté, le prévenu a demandé à ses avocats de suspendre leur participation à son dossier. Depuis, il refuse de coopérer, fait savoir à la Cour qu’il ne parlerait qu’en tant qu’homme libre. A l’audience du 1er juillet, il a réitéré sa décision. Le président de la Chambre de jugement, à la demande du ministère public et de la partie civile, a donc décidé d’ouvrir les débats au fond. L’ex tout puissant ministre des Affaires présidentielles et de la Défense refuse de plaider coupable ou non des accusations de « détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux. « Je ne sais rien. Je n’ai rien à vous dire».
Le ministère public a cherché à en savoir davantage sur des biens que le prévenu a légués à une de ses filles : « Je ne vous dirai rien du tout », assène Mohamed Diané. Le substitut spécial, Malick Marcel Oularé rappelle que c’est le prévenu même qui avait fait ces déclarations à l’enquête préliminaire. Mais l’ex dignitaire s’entête : « Je ne dirai rien du tout ».
Mohamed a continué à éconduire le parquet spécial au point que le procureur spécial, Aly Touré, a décidé d’arrêter : « Son attitude ne nous surprend pas. Il est en train de s’enfermer, nous ne lui posons plus de questions. »
L’avocat de l’État interroge le prévenu sur les comptes bancaires qu’il aurait créés après 2010 à FBN Bank, à ECOBANK, à la Société générale des banques en Guinée. Des comptes dans lesquels on aurait retrouvé en 2022, des milliers de devises étrangères et des milliards de francs guinéens. Mohamed Diané refuse de répondre. Il a aussi été question de 5 parcelles se trouvant dans les quartiers Karfamoriah, Missira et Bordeaux, de trois domaines non lotis d’une quinzaine d’hectares à usage agricole à Bordeaux et de biens immobiliers, tous dans la préfecture de Kankan. Le prévenu garde le silence.
Me Pépé Antoine Lama demande finalement à la Cour d’ordonner aux services de l’Habitat, la Direction nationale des domaines et du cadastre (DOCAD), notamment, de répertorier tous les biens immobiliers du prévenu et de ses proches à Conakry. Motif ? « Parce qu’il a plein de biens ici, mais il a utilisé des prête-noms ». Le procureur spécial rappelle que des pièces allant dans ce sens sont déjà versées au dossier.
Le juge ordonne à la DOCAD de faire le travail, à commencer par le domicile familial de Petit-Simbaya qu’il n’aurait pas déclaré. A l’audience du 8 juillet, l’avocat de l’État a promis de présenter une liste exhaustive des biens immobiliers du prévenu à Conakry.
Yacine Diallo