Après les violences qui ont émaillé la rencontre entre l’Association sportive de Kaloum et le Milo FC de Kankan et son interruption, la Ligue guinéenne de football professionnelle décide de sévir. Une décision loin de faire l’unanimité.
Nous sommes le 22 juin 2024. L’AS Kaloum reçoit le Milo football club, leader du championnat national Ligue 1 pour le compte de la 24e journée. Le club de Kankan mène 1 but à zéro quand des supporters de l’ASK, mécontents de la tournure des événements, envahissent la pelouse, y jettent des projectiles, s’en prennent aux joueurs et au staff des visiteurs. Bilan, un joueur du Milo est blessé à la tête. Le match est interrompu à plusieurs reprises. Après la première mi-temps, le Milo refuse de revenir sur le terrain, estimant que la sécurité de ses joueurs n’était plus assurée. Depuis, les spéculations sont montées crescendo, chacun accusant l’autre d’être responsable de la situation.
La ligue guinéenne de football professionnelle (LGFP) et la Fédération guinéenne de football (Féguifoot), dans une moindre mesure, ont eu du mal à prendre une décision. Ils ont beau fait appel aux rapports du commissaire du match, de l’arbitre central, du chargé de sécurité, aux vidéos et images de la télévision Startimes qui retransmet le championnat national, c’est finalement le 1er juillet, soit une semaine plus tard, que la décision de la commission norme, éthique et discipline de la LGFP tombe. Le match AS Kaloum-Milo FC sera rejoué. Une décision qui a eu du mal à être entérinée par la LGFP : « Nous sommes au regret de constater que la décision de faire rejouer le match, rendue par votre commission n’est pas en conformité avec les textes réglementant le championnat national ligue 1. Nous vous demandons encore de vous réunir pour prendre une décision en conformité avec les textes », lit-on dans un courrier du président de la LGFP, Lucien Bendou Guilao, adressé aux responsables de la commission éthique.
Mais ce dernier a fait machine arrière. La rencontre devrait normalement avoir lieu le vendredi 5 juillet, au stade de la Mission à Kaloum. Elle va être rejouée « à la seconde période sur le score de 1 but à 0 en faveur de Milo avec une sécurité maximale. Le match reprendra avec les mêmes joueurs sur le terrain, les mêmes sur la feuille du match lorsque le match s’interrompait. » Toutes les décisions prises avant que le match ne soit arrêté restent maintenues.
D’autres sanctions ont été prises par la Commission éthique à l’encontre des deux clubs. L’AS Kaloum devra payer 3 500 000 francs guinéens pour envahissement de terrain et jets de projectiles, ainsi que pour la défaillance sécuritaire. Le Milo FC quant à lui, paiera 2 000 000 gnf pour le « retard du temps d’abattement. »
Le Milo FC remonté
Cette décision, le club de Kankan trouve la sanction légère. Les responsables du Milo exigeaient une victoire sur tapis-vert ou la confirmation du score du match en leur faveur. Ils avaient mis en garde contre toute décision outre que leur victoire, menaçant de tout boycotter. Le Milo soupçonne la LGFP, l’ASK et la Féguifoot de manœuvrer pour le Hafia, dont le président sponsorise le championnat, afin que celui-ci gagne le championnat et se retrouve en ligue africaine des champions à la place du Milo. Le 2 juillet, des supporters du Milo FC se sont opposés à toute reprise de la rencontre, ils ont juré d’empêcher leur équipe de se rendre à Conakry. Ils estiment que les dés sont déjà pipés. Mais à l’issue d’un entretien avec les dirigeants du club, décision aurait été prise de venir défier l’ASK pour les 45 minutes restantes. L’autre fait qui ulcère le Milo, c’est la décision de la LGFP de reporter son match de ce 2 juillet jusqu’au 8, celui du Hafia, son poursuivant, reste maintenu. Le Stade de la mission sera sûrement électrique le 5 juillet prochain.
Yacine Diallo