Alors que c’est les grandes pluies, à Foula-Madina (commune de Sonfonia), les habitants craignent des inondations. Pourtant, jusque-là, rien n’est fait pour les prévenir. Reportage.
Une partie du secteur fait frontière avec le lac de Sonfonia. Entre juillet et août, les habitations sont souvent envahies par des pluies diluviennes. Une conséquence de l’urbanisation anarchique, de l’envahissement du lac, du déficit de caniveaux le long des axes routiers…
Hadja Oumou Hawa Bah, fonctionnaire à la retraite, habite près du lac. Depuis des lustres, la soixantenaire et sa famille luttent, chaque année, contre les eaux de ruissellement. « Quand l’eau déborde, elle rentre dans notre cour, se plaint-elle. Cela nous cause beaucoup de soucis et de dégâts. On se retrouve pris au piège : si on est dehors, on ne peut rentrer chez nous, l’accès étant bloqué. Et vice-versa. »
Pour prévenir ou minimiser les dégâts, les habitants de Foula-Madina creusaient parfois des ouvertures, pour drainer l’eau et parer aux risques d’inondation. Rien de tel n’a été entrepris, cette année. « Il y a eu un début de travaux de bitumage et de construction de caniveaux par l’État. L’ingénieur nous avait assuré que les travaux allaient finir avant août 2024. C’est ce qui nous a amené à penser qu’il n’était pas nécessaire de prendre des précautions, espérant qu’ils finiraient à temps », justifie El Hadj Mamadou Baïllo Diallo, habitant de Foula-Madina.
Chantiers en souffrance
Une « légèreté » qui les fait craindre le pire, cette année. En avril 2023, des travaux de bitumage avaient été lancés partout à Foula-Madina. Par endroit, notamment de la mosquée centrale du secteur à l’Ecole de tourisme et de l’hôtellerie, l’aménagement des fossés a démarré et devait finir dans un délai de six mois. Un chantier en souffrance depuis plus d’un an qui crée plus de préjudices qu’il n’en a suscité de l’espoir. « Les travaux entamés juste devant notre cour nous empêchent même d’avoir accès à notre maison. On a un véhicule qui est immobilisé depuis avril 2023. Il est même gâté. Nous craignons également pour nos enfants : vous imaginez, ils peuvent tomber dans le fossé et risquer d’être emportés par l’eau. Nous avons des enfants de 4 ans ; c’est les vacances, d’autres viennent de l’intérieur et de l’extérieur du pays », alerte Hadja Oumou Hawa.
Le marteau en main, en plein chantier, Abdoulaye Sylla, assistant-ingénieur au sein de Géo-Top, l’entreprise en charge des travaux, admet que la fin des travaux initialement prévue en août est intenable. « Nous espérons finir en fin 2024 », promet à nouveau Abdoulaye Sylla.
Le chef de quartier de Yattayah, dont relève le secteur Foula-Madina, n’a pas souhaité aborder le sujet, sans le feu vert de la nouvelle délégation spéciale de Sonfonia. Le responsable adjoint du bureau de la jeunesse du quartier, lui, pointe la construction anarchique aux abords du lac de Sonfonia: « Sincèrement, si je vous dis qu’on a envisagé des mesures par rapport à cela, je vous aurais menti. Tout ce qu’on peut faire, c’est de sensibiliser les gens. Nous n’avons pas les moyens de faire plus ».
Les habitants de Foula-Madina restent ainsi exposés aux inondations.
Diarouga Aziz Balde