Le lac de Sonfonia est de plus en plus menacé de disparition, à cause de l’urbanisation anarchique et des déchets déversés par les riverains. Les environnementalistes alertent sur l’assèchement et le rétrécissement de ce cadeau de la nature.
Ydrissa Compaoré, habitant à Foula-Madina depuis 2011, est expert en aménagement d’espaces verts. Il assiste, impuissant, à la destruction du lac de Sonfonia qu’il aimait tant contempler. Il nous guide sur la partie ouest du lac, à la limite entre les quartiers de Sonfonia et de Yattaya. Le regard sur l’étang, Ydrissa se remémore, un brin nostalgique, de ses premiers moments sur les rives de ce joyau: « Quand j’arrivais, ce lac était un lieu de détente pour moi. C’est quelque chose à laquelle que nous, Burkinabè, ne sommes pas habitués. Je viens d’un pays sahélien et à mon arrivée en Guinée, je passais du temps ici, à l’admirer. »
Une évasion qu’il ne peut plus s’offrir aujourd’hui. Des bâtiments ont été construits jusque dans le lac, dans l’indifférence pour ne pas dire avec la complicité des autorités locales, dénonce Fodé Soumah, coutumier: « Il était indiqué qu’il fallait laisser 50 mètres de chaque côté du lac. Son eau nous servait à manger et à boire. Aujourd’hui, c’est impossible, ça ne ruisselle plus comme avant. »
Pollution, eau contaminée…
Le lac constituait pour la famille Soumah une source de subsistance, à travers la pêche, entre autres. Avec le faible niveau d’eau, les gros poissons ont disparu, laissant place aux alevins. « Avant, on ne pouvait pas traverser ici, même en saison sèche. Tu venais ici, même sans filets, tu pouvais avoir de gros poissons », se souvient Fodé Soumah.
Outre les constructions anarchiques, les berges du lac sont envahies par les ordures ménagères : plastiques de tout genre et même les égouts de fosses septiques des habitations environnantes sont redirigés vers le lac. La grande bananeraie et les jardins ont disparu, ne pouvant résister à cette triste pollution à ciel ouvert.
« Mais c’est cette même eau contaminée que les femmes utilisent pour arroser leurs jardins. Ce qui les expose à beaucoup de maladies comme la dermatose », s’inquiète Ydrissa Comapaoré.
En avril dernier, le Premier ministre, en compagnie des ministres de l’Administration du territoire, de l’Environnement et celui de l’Energie ont constaté de visu l’envahissement anarchique et la pollution du lac de Sonfonia. Ce qui, de l’avis de Bah Oury, a déjà « entrainé l’arrêt de la station de pompage de la Société des eaux de Guinée (SEG), alors qu’un investissement de 9 millions de dollars a été consenti pour son installation. » Sauf qu’aucune action concrète n’a été jusque-là entamée.
Diarouga Aziz Balde