A la mi-juillet, l’interpellation au Sénégal d’un quidam de l’armée guinée-haine a fait la Une de médias sénégalaids. Un bidasse, qui serait membre des Forces spéciales guinéennes, a été chopé par Interpol pour « vol et braquage à main armée » en Guinée.
Daouda Bangoura, prétendu membre du Groupement des Forces spéciales guinéennes (unité d’élite chargée de la lutte contre le terrorisme à sa création) a été chopé au Sénégal, par la Division des investigations criminelles (DIC), selon le média en ligne Seneweb. Il est accusé d’avoir dérobé une misère de 400 mille dollars ricains, lors d’un « braquage », et s’est fait passer pour un banabana. « Interrogé, Daouda Bangoura a contesté, dans un premier temps, les faits de vol de numéraires qui lui sont reprochés. Dans leurs investigations, les limiers ont procédé à une perquisition de (son) appartement. Des documents de transfert d’argent ont été découverts. Seulement, les transactions ne sont pas à son nom », ajoute le con(.)frère.
La justice guinéenne reprocherait à Daouda Bangoura d’avoir « braqué un commerçant et emporté la somme de 400 mille dollars ». L’accusé passe finalement aux aveux : il jure n’avoir volé personne, d’être un bidasse et petit d’El Hadj Baba Barry, numéro 2 des Farces spéciales. C’est à lui qu’il aurait piqué le magot, avant de prendre la poudre d’escampette. Daouda sollicite l’asile, se lamentant qu’il risquerait la « torture » en Guinée. Bidasse des Farces spéciales aussi ne supporte pas torture !
Le ministère de l’Intérieur sénégalaid va-t-il autoriser son extradition ? s’interrogeait Seneweb à la mi-juillet. Daouda s’est attaché les sévices des avocats (sans vinaigrette) sénégalais Mes Aliou Sow, Amadou Aly Kane et Ciré Clédor Ly. Le 25 juillet, Me Ciré Clédor, membre de l’Ong Avocats sans frontières, a précisé : « La Guinée voulait qu’il (Daouda) soit arrêté et retourné dans son pays par la procédure de remise de police à police, qui exclut le juge, garant des libertés sur le territoire national. » L’avocat déraille eh… détaille l’affaire : « C’est le chef direct de Daouda Bangoura dans les Forces spéciales qui aurait porté plainte pour vol d’une somme d’argent dont il ne pourrait jamais justifier l’origine licite. Et dans la procédure, il s’est présenté comme un commerçant en trompant Interpol Sénégal », a déclaré l’avocat dans une note, rapportée par Seneweb.
Cela aurait-il provoqué des réticences et poussé les autorités sénégalaides à hâter lentement la procédure d’extradition ? En tout cas Me Ly a ajouté : « Le Parquet général aurait donné un avis favorable, mais le dossier étant suspect à cause de non-dits, les autorités n’ont pas accepté cette procédure douteuse et n’ont pas permis la remise, surtout que l’avocat a alerté avec forte documentation que son client risquait la torture et la disparition, suivie de mort s’il était remis à la Guinée. Le pauvre Daouda a été remis au procureur par Interpol, sur demande du Procureur général qui ne veut rien entendre, même s’il n’existe aucun argument juridique pour envoyer la personne en prison… » Daouda a subi « son cinquième retour de parquet et neuf jours de rétention », vendredi 26 juillet. « Ce qui n’est prévu par aucun texte de loi », se désole l’avocat qui indique que « tous les soirs », Daouda retourne « au commissariat de police où il passe la nuit, sans possibilité de visites. »
Réaction guinéenne
En Guinée, les langues commencent à se délient aussi. En conférence de stress le 25 juillet, le porte-voix de la Présidence, général Amara Cas-marrant, a été interpellé sur l’affaire. Parlant d’« un élément des Forces Spéciales supposément arrêté à Dakar », il a bégayé : « Je souhaite m’informer davantage sur ce sujet. Une fois que j’aurai les informations nécessaires, je pourrais vous contacter par les canaux que j’aurai créés pour vous fournir des détails précis. Mais, c’est vous qui me l’apprenez… » Décidément, nos dirigeants ne sont au courant de rien : ni la disparition des leaders du FNDC, encore moins l’arrestation de leur bidasse.
Ousmane, l’ex Gawa de l’Ufdg, ministre des Transports et porte-voix du goubernement, a ajouté son grain de sel… dans la confusion. « D’une manière générale, il est important de comprendre que tout Guinéen peut rencontrer des problèmes partout. Que ces problèmes surviennent ici ou ailleurs, la justice, dans le cadre de ses investigations, peut se déplacer ou demander l’assistance de la coopération judiciaire. Il n’y a rien d’exceptionnel à cela. Même si vous êtes militaire, si vous commettez une infraction civile, c’est la justice civile qui s’en charge. Si vous fuyez en tant que militaire, cela relève de la justice militaire. » Et si ce sont les deux ?
Inquiétude justifiée ?
Toujours est-il que le nommé Daouda Bangoura a demandé l’asile au Sénégal, craignant la torture en Guinée. Et il y a de quoi s’inquiéter, tant les disparitions forcées sont devenues fréquentes chez nous. L’ex-chef d’état-major général déarmée, général Sadiba Koulibaly, alors chargé d’affaires à l’ambassade de Guinée à La Havane, a été arrêté le 4 juin dernier, condamné le 14, à 5 ans de gnouf pour « détention illégale d’arme et désertion à l’étranger ». Il avait été rétrogradé au grade de colonel, puis rayé des effectifs de l’armée. Détenu, son décès a été officiellement annoncé le 25 juin alors qu’il est mort 3 jours plus tôt. Le 9 juillet, les activistes du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Billo Bah, ont été enlevés et gardés dans un lieu jusque-là inconnu. Tout ça, au nom de la refondation.
Mamadou Siré Diallo