Le lancement des travaux de bitumage de la route Labé-Mali s’est déroulé le 27 juillet. L’événement a mobilisé un parterre de personnalités à Maléah, dans la commune urbaine de Labé. En l’absence du Premier ministre, qui représente la Guinée aux JO de Paris, le ministre des infrastructures et des travaux publics, Mouhamad Abdoulaye Diallo, entouré de ses collèges, a présidé la cérémonie.

Ce projet constitue un long rêve pour tous les résidents et ressortissants de Mali. Depuis l’indépendance, la réalisation du projet est au cœur des préoccupations, sollicitations et récupérations politiques. Particulièrement depuis l’instauration du multipartisme au début des années 90. Selon une source, les différents gouvernements auraient donné des instructions fermes à tous les préfets de Mali de dire à la population que le gouvernement fait sienne la réalisation de cette route. Mais ce que d’aucuns qualifient de feux d’artifice de l’Etat guinéen s’est accentué à l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir. Estimant qu’en 2010 Mali a voté à une écrasante majorité pour son adversaire, il a pensé récupérer cet électorat pour les futures joutes électorales. Le moyen le plus efficace de conquérir Mali était de lui promettre le bitumage de cette route. Laquelle réalisation devait être précédée par le bitumage de la voirie urbaine.

Bah Ousmane, ministre des Travaux publics et Harouna Souaré, membres de l’UPR, allié du RPG et Sadou Keïta, le Gouverneur de la région administrative de Labé, procèdent au lancement des travaux de bitumage de la commune urbaine de Mali, le 16 septembre 2012. Ironie de l’histoire, le sac de ciment, pris chez un commerçant pour la pose de la première pierre, n’a jamais été payé. Quand cette nouvelle s’est répandue dans la ville, les habitants de Mali ont compris que celui qui disait qu’en Guinée plus le mensonge est gros, plus on y croit, les a roulés dans la farine.

C’est donc pour donner un nouvel espoir à Mali que, le 19 juin 2023, la junte militaire a procédé à la pose d’une nouvelle pierre, pour le bitumage de la voirie urbaine. Contrairement au projet de 2012, cette fois, les travaux ont bien démarré. Selon un habitant de la ville, comparaison n’étant pas raison, les citoyens espèrent que le canular de 2012 sera un lointain et mauvais souvenir.

Pour l’histoire, les études de faisabilité de la route Labé-Mali ont été faites en 1998 et complétées en 2008. Pour la campagne de la Présidentielle de 1998, le président Lansana Conté avait envoyé Cellou Dalein Diallo à Mali. Prudent, Cellou Dalein a promis à la population non pas un bitumage, mais un reprofilage, après la présidentielle d’alors. Non sans avoir indiqué qu’il fallait attendre que les études soient terminées pour connaître la suite.

Entre-temps, les bailleurs de fonds privilégient l’axeLabé-Koundara, en raison de sa position économiquement stratégique. Depuis, la préfecture de Mali attendait la promesse datant de l’indépendance. Cette fois semble la bonne. En tout cas ressortissants et résidents y croient. Une fois n’est pas coutume, ce projet est unanimement salué par tous les bords politiques de Mali.

Habib Yembering Diallo