Le coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris 2024 a été donné le 26 juillet. Dans la catégorie tir à l’arc, compétira notre compatriote Fatoumata Sylla, 23 ans. Portrait.
Pour ses premiers Jeux olympiques, Fatoumata Sylla s’est classée 61e sur 64 participantes au tour préliminaire. Avec ses 694 points, la Sud-Coréenne, Lim Si-hyeon, a battu le record mondial sur 12 volées de six flèches, avant même le début de la compétition ; Sylla a engrangé 619 points. Son meilleur score en compétition internationale. « C’est la première fois que je suis aux JO. J’étais un peu tendue. Mais vu le soutien des Africains, quel que soit le problème, j’y arriverai. »
A l’esplanade des Invalides, l’athlète a failli être distraite : « C’est vraiment magnifique, réagit Sylla, impressionnée. J’ai réalisé un rêve de mes débuts, il y a huit ans ». Fatoumata Sylla est boursière du Comité international Olympique (CIO) de Lausanne, en Suisse. Avec ses 619 points, elle confirme son statut de leader en Afrique.
Une aventure qui a débuté en 2015 dans une école de Conakry. Grâce à son professeur d’EPS, l’athlète découvre le tir à l’arc et tombe amoureuse de la discipline : « C’est un sport qui est très calme et où les athlètes sont concentrés. » Très vite, Fatoumata Sylla montre des qualités et commence à participer à des compétitions en Afrique et dans le monde, remportant 19 médailles. En 2017, à la 9e édition du tournoi international de la zone Afrique de l’Ouest et du Centre de tir à l’arc (Tizo-cata) où elle a remporté 9 médailles : 6 en or et 3 en argent ; au Tizo-cata en Guinée (2018, 6 médailles : 3 en or, 2 en argent, une en bronze).
La même année, elle participe à la 12e édition des Jeux africains de la jeunesse en Algérie ; en 2019, au 6e Grand prix d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et aux 12e Jeux africains de Rabat (Maroc) ; l’année suivante, à l’Indoor Archery World Series à Conakry. En 2021, Sylla obtient la médaille d’argent au Championnat national de 60 et 70 mètres. En 2022, elle remporte la médaille d’or à la Coupe nationale de Guinée sur 60 et 70m ; la médaille d’or en individuel et d’argent, en équipe mixte.
En 2023, elle intègre le Centre mondial de tir à l’arc en Suisse, où elle obtient une bourse. « C’est un autre niveau. Je tirais 400 à 500 flèches par jour », raconte celle qui a fait ses armes au champ de tir du Stade du 28-Septembre, à Conakry.
« Elle a beaucoup progressé »
Ses efforts ont payé et lui ont permis de se qualifier pour les Jeux de Paris. Fatoumata Sylla bénéficie aussi de conseils de son entraîneur, le Français Howard Catherine. « On a déjà fait un bon bout de chemin. Elle a beaucoup progressé. Il y a un an et demi, quand on a commencé à travailler, sa meilleure performance en compétition internationale était de 535 points. En mai dernier, elle a réussi à battre le record d’Afrique avec 646 points et, aujourd’hui, 619 points », raconte son coach, qui apprécie « sa persévérance et sa concentration ».
Le 1er août, lors des 32es de finale (éliminatoires), la Guinéenne sera opposée à l’Américaine Casey Kaufhold, une des favorites de la compétition. L’entraîneur Howard Catherine est conscient qu’il sera compliqué de rivaliser avec l’une des stars de la discipline. Pour lui, l’essentiel est ailleurs : « Je sais qu’il faudra un petit miracle. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, cela ne dépendra pas d’elle. Mais si elle montre ce dont elle est capable, elle pourra repartir la tête haute de ces Jeux. »
Relever le défi
La sportive est bien consciente de l’immensité du défi à relever. « Je ne dirai pas que je vais devenir championne olympique, mais je veux donner le meilleur de moi-même », promet-elle. « Je reçois beaucoup de soutien, pas seulement des Guinéens, mais aussi d’autres pays, se réjouit-elle. Je représente la Guinée, mais aussi toute l’Afrique. »
Alors que le tir à l’arc reste un sport peu pratiqué sur le continent, elle sait que sa participation aux Jeux olympiques est déjà une victoire. Fatoumata Sylla espère tracer la voie pour une nouvelle génération d’archers africains.
Abdoulaye Pellel Bah