Les CNTêtards sont en pleine cogitation pour nous accoucher une nouvelle constitution. De 1958 à nos jours, elle a joui de moult nettoyages, tantôt mineurs, tantôt majeurs. La générosité de nos éminents constitutionnalistes n’a pas fait défaut. Les plus importantes de ces révisions sont celles qui ont clos les périodes de transition (1990 et 2010) auxquelles s’ajoute la duperie intellectuelle de 2020 dont les instigateurs, hypocrites, n’osent pas parler de troisième mandat, ont amusé la galerie avec l’expression cocasse de « premier mandat de la 4è République ». Mon œil ! Heureusement que ce rêve s’est effiloché un dimanche, l’aube du 5 septembre 2021.
Comme Sisyphe, il faut encore remettre l’ouvrage sur le métier. Ce à quoi s’emploient à présent les CNTêtards, version 2021. On ne les voit pas détricoter entièrement l’œuvre presque parfaite de leurs prédécesseurs. La rénover en y apportant d’utiles innovations suffira. Mais pour ne pas être à côté de leurs pompes, les législateurs ont élaboré un avant-projet de Constitution autour duquel ils organisent au coin du feu, des débats avec le populo, sujet et objet du document. La séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) substrat de la démocratie et qui a dû tarauder les méninges des CNTêtards est au centre des débats. Que faire pour que l’Exécutif ne tire pas à lui seul la couverture, ne monopolise tous les pouvoirs, faisant du coup des autres institutions républicaines des coquilles vides ? La trouvaille, le bicaméralisme. Sera-t-il efficace pour garantir au Parlement la résilience nécessaire ? Les sages du Sénat parviendront-ils à imposer leurs voix, leur vécu pour contenir dans les limites constitutionnelles, les prérogatives et les frasques de l’Exécutif ? On verra bien !
Les institutions apparues au fil des ans comme des bidules ont été jetées aux orties et leurs missions attribuées à d’autres. Un vieux débat a refait surface et les regards ne sont plus tournés de son objet. La ruse des professionnels de la politique a été déjouée, moquée et conspuée. Dorénavant, des candidats aux postes électifs, sans onction de partis politiques, compétiront avec les politicards. Que le meilleur gagne !
Si des institutions républicaines ont été laissées en rade, une nouvelle a germé de la riche terre de Guinée, en l’occurrence la commission nationale de l’Education. Sa mission ? Assurer le contrôle de qualité des projets et les peaufiner. Iront là-bas papoter et ergoter les hommes et les femmes blanchis sous le harnais et les retraités auxquels l’âge et les intempéries n’ont pas encore totalement ôté la jugeote et dont la constitution demeure indispensable à l’élaboration, à l’exécution et l’évaluation des projets. Il ne faut pas tôt mépriser et mettre au rebut les talents. Ils sont inusables. Mais suffit-il d’avoir une bonne constitution pour qu’émergent une vie démocratique résiliente, des institutions fortes ? Certainement pas. « Il y a loin de la coupe aux lèvres ». La Constitution ne peut résister à la tentation des hommes que si l’on en fait usage dans une culture démocratique avec des démocrates.
Abraham Kayoko Doré