Ce mardi 13 août, s’est poursuivi au tribunal correctionnel de Dixinn le procès de Simon Pierre Camara, Pépé Francis Haba et Cie, contre le ministère public.

Simon Pierre Camara, Pierre Konomou, Ange Kolomou, Joseph Maomou, Bienvenu Théa et Pépé Francis Haba sont poursuivis pour « atteinte et menace à la sécurité publique »”, sur la base des articles 31 et 32 de la loi sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel.

A la barre, Ange Kolomou, coordinateur de l’Ong Messagers du peuple pour la paix et le développement, MPPD, affirme avoir été arrêté au siège du parti de l’Union guinéenne pour le développement et la démocratie(UGDD), de Pépé Francis Haba, l’un des prévenus. Selon lui, il y est allé pour assister à une réunion à la suite de l’interpellation de leur coordinateur général, Simon Pierre Camara.

Ange Kolomou affirme n’avoir jamais participé à une réunion de l’Ong et indique n’avoir fait que trois mois en son sein, avant d’être arrêté le 27 juillet dernier. « La réunion de Lambanyi est la première depuis mon adhésion, mais elle n’a pas eu lieu » à cause de la descente des agents des Forces de défense et de sécurité.

Le parquet déclare que les faits « sont patents » et que la réunion avortée aurait pour but de « planifier la libération » de Simon Pierre Camara, arrêté la veille du 27 juillet. Tel est le message balancé sur la plateforme de l’Ong, par Bienvenu Théa, l’un des prévenus.

Me Daniel Haba, de la défense, dénonce un enlèvement « fracas » de son client. Selon lui, Ange Kolomou n’a jamais mis les pieds au tribunal criminel de Dixinn, pour soutenir qui que ce soit, le jour de la prononciation de la décision le 31 juillet dernier. Or, le parquet insinue que tout est lié à la la décision du tribunal criminel de Dixinn sur les événements du 28-Semtembre 2009.

A la barre, Joseph Maomou, bien que membre de l’Ong depuis novembre 2023, dit ne pas connaître le mobile de son interpellation. Il avait été arrêté au bureau de Pépé Francis Haba du MPDD.

La défense soutient que Joseph Maomou n’a écrit rien « d’incendiaire, rien de grave, rien d’insurrectionnel, rien d’incriminent. »  Me Daniel Haba persiste et signe que son client avait été enlevé, par les forces de défense.

Le cas Francis Haba ?

Pépé Francis Haba, l’autre accusé, déclare qu’il était au siège de son parti à Lambanyi. Selon lui, les agents avaient cassé la porte de la salle de conférence, avant de s’introduire à son bureau. Il rappelle qu’il est président d’un parti politique, ce qui ne lui permet pas d’appartenir, dit-il, à l’Ong MPDD. « Bienvenu Théa m’a appelé pour me dire qu’ils ont une réunion, de leur permettre de la tenir dans la salle de conférence de mon siège. C’était un acte d’humanisme que j’ai posé, parce que je connais Simon Pierre Camara », considéré comme le « cerveau » de l’affaire.

Tremblant, pressé, mais cohérent. Pépé Francis Haba était sous l’émotion, régulièrement rappelé par le président Lansana Kéita, de garder la sérénité et de s’exprimer doucement.

Le leader de l’UDDG affirme être également membre d’une des plateformes du MPDD. « Vous avez acceptez qu’ils tiennent la réunion à votre siège ? », interroge le parquet. « Oui, j’ai accepté, mais la réunion n’a pas eu lieu », rétorque Pépé Francis Haba qui précise : « Après avoir fracassé la porte de la salle de conférence et embarqué les autres, ils ont tapé à la porte de mon bureau disant que si je n’ouvre pas, ils vont casser la porte. J’ai ouvert la porte et ils m’ont demandé de les suivre, sans explication ».

« Qu’est qu’un leader politique cherche sur une plateforme qui n’a rien de politique ? », interroge le parquet. « On ajoute une personne dans une plateforme par confiance. Je suis membre d’une cinquantaine de plateforme », déclare Pépé Francis Haba.

 Le parquet charge Pépé Francis Haba d’avoir offert les locaux de son siège à des membres du MPDD afin qu’ils « planifient la libération illégale » de Simon Pierre Camara. « Non, c’est acte humanitaire », persiste Pépé Francis Haba.

Au terme de 6heures d’interrogation des prévenus, le président du tribunal, Lansana Kéita, a renvoyé l’affaire au 20 août pour la poursuite des débats et la confrontation.

Yaya Doumbouya