Selon des informations en provenance de Niamey, les autorités nigériennes ont décidé de prendre des mesures drastiques contre le phénomène de la mendicité qui prend de l’ampleur dans les villes du pays, notamment dans la capitale. Lors d’une conférence de presse tenue le13 août, le gouverneur de la région de Niamey, le général de Brigade Abdou Assoumane Harouna, a manifesté la volonté des autorités de mettre un terme au phénomène qui, selon lui, ternit l’image du Niger.

Des médias nigériens ont rapporté que des mesures sont envisagées contre les mendiants. Il s’agit notamment de leur rapatriement dans leurs villages respectifs. Toutefois, met en garde le gouverneur de Niamey, « si d’aventure, après avoir été acheminés dans leurs villages, ils revenaient, nous allons désormais les envoyer travailler obligatoirement dans les travaux de grande irrigation qui s’étendent de Kandadji (ouest) à Diffa (est). »

Ce n’est pas la première fois que de mesures similaires sont prises au Niger. La junte militaire au pouvoir, qui veut donner l’impression que tout va bien dans le pays, est rattrapée par la réalité. Elle use du populisme pour gouverner. Insinuant que les régimes passés étaient des apatrides et complices des puissances étrangères et qu’elle est la seule nationaliste et patriote. Or, le nombre de mendiants dans les rues de Niamey en dit long sur la misère du peuple. Surtout depuis l’avènement des militaires au pouvoir.

Ces derniers peuvent chasser les mendiants qui errent à Niamey, les contraindre à des travaux forcés. En revanche, ils ne peuvent pas rapatrier tous les Nigériens qui prennent d’assaut les carrefours des principales artères d’Abidjan, de Conakry, de Dakar ou d’autres capitales africaines. Même si des opérations de rapatriement avaient été organisées en 2022 depuis Dakar, Abidjan ou Accra. Un coup d’épée dans l’eau.

Pour de nombreux observateurs, la présence de ces Nigériens dans les rues de certaines capitales ouest-africaines est le signe d’une crise à la fois politique et économique. Ces réfugiés économiques sont facilement identifiables par leur teint ou leur mode vestimentaire. Outre les Touareg, il y a des noirs avec leur épais turban ou encore les femmes avec des tatouages qui les distinguent des populations locales.

Mais il n’y a pas que des Nigériens qui ont traversé la frontière guinéenne. Il y a aussi des Maliens. Avec toutefois une différence notable. Ces derniers sont pour la plupart des commerçants, des boutiquiers dans des quartiers de Conakry. D’ailleurs, on les appelle généralement par leur nationalité.

Qu’à cela ne tienne, il ne faudrait pas voir une paille dans l’œil de nos voisins pendant qu’il y a un tronc d’arbre dans le nôtre. Les Guinéens, eux aussi, remplissent les rues des pays limitrophes et d’ailleurs. Ce qui nous ramène au vieil adage selon lequel si le singe trouvait ses besoins sur l’arbre, il n’aurait pas pris le risque de descendre sur terre.

Habib Yembering Diallo