C’est le retour à la case départ ! Après moult spéculations et accusations, c’est désormais officiel, le gouvernement guinéen n’a plus le choix que d’emboiter le pas à celui qu’il a chassé le 5 septembre 2021. Le fameux bateau thermique turc, dont on avait dénoncé le coût exorbitant pour le contribuable guinéen, est bel et bien de retour au pays. C’est la preuve que l’actuel gouvernement n’a pas d’autre solution que celle qu’il a vilipendée sur tous les toits.

Dans tous les cas, le recours à l’énergie thermique, dans un pays qui a investi massivement ces dernières années sur l’hydraulique, est un aveu d’échec. A la fois pour les autorités de la transition que pour l’ancien régime. L’héritage de celui-ci est peu enviable.

Si la Guinée était un pays où les pouvoirs publics étaient soumis à une obligation de reddition de compte, le président Alpha Condé devait nous dire à quoi les deux barrages qu’il a construits à coût de milliards de dollars ont servi.

A rappeler que l’opposition avait dénoncé une surfacturation dans la réalisation de ces barrages. Mais aux yeux des Guinéens, surfacturation ou pas, l’essentiel était d’avoir enfin le courant électrique. L’homme qui martelait partout que plus le mensonge est gros, plus le Guinéen y croit, roula ses concitoyens dans la farine. Pour l’homme de la rue, le courant électrique provenait des barrages construits par le professeur-président.

Mais comme dit le dicton populaire, « mieux vaut mentir et passer que de mentir et rester ». Avec un bilan humain particulièrement effroyable en termes de repressions politiques, Kaléta et Souapeti étaient ce dont pouvait se vanter Alpha Condé. Avec le recul, on se rend compte que ces infrastructures n’étaient rien d’autre que de la poudre aux yeux des Guinéens.

Cette supercherie rattrape l’ancien régime. Pour lequel trouver désormais une action positive est un exercice qui ressemble à trier un troupeau de chimpanzé pour en dénicher le plus beau. Celui qui avait fait de l’électrification de l’Afrique son cheval de bataille avait opéré un tour de passe-passe pour réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. Et il s’en vantait. Malheureusement pour lui, le temps est le meilleur juge.

Quant à son successeur, il ne trouve pas mieux que de faire exactement comme le prédécesseur. Désormais, il est difficile pour Mamadi Doumbouya de convaincre les Guinéens de son pouvoir de changer la Guinée. Pour pallier le déficit, il aurait fallu trouver une solution innovante. Mais en reconduisant la méthode Condé, il reconnait de facto que ce dernier était sur la bonne voie. Autrement, et pour rien au monde, il n’aurait emprunté le même chemin. En négociant âprement avec les Turcs pour calmer la colère populaire, Doumbouya admet qu’il est à court d’idées.

Habib Yembering Diallo