L’humanité a fêté le 16 octobre, la journée mondiale de l’alimentation. Il ressort du rapport annuel produit par la FAO des statistiques qui font froid dans le dos. Un tiers de la nourriture produite par jour, dans les pays industrialisés, finit dans les poubelles. Pendant ce temps que se passe-t-il dans les pays où la pauvreté est endémique ? Huit cent millions de personnes en particulier des enfants et des femmes triment, tirent le diable par la queue, geignent du fait de la pauvreté endémique qui résiste étonnamment à tous les stratagèmes et autres potions magiques. Comme l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire est encore aux calendes grecques, on évoque plus souvent la sécurité alimentaire. En attendant! On est dans un pays où le populo a appris à attendre. Durant cette période dont l’évocation de la fin renvoie à une devinette, on peut réfléchir à des solutions prosaïques mais efficaces : la modification des comportements alimentaires à travers la diversification.

Si en Guinée, la diversification alimentaire est atteignable dans toutes les régions, elle l’est davantage dans le sud habité par des peuples culturellement apparentés à ceux qui occupent la zone forestière qui va de la Côte d’Ivoire en Afrique du sud et dont l’alimentation est plus à base de tubercules que de céréales. Dans ces zones, le riz n’est que faiblement consommé et particulièrement dans les grandes agglomérations, généralement cosmopolites. En dépit des fortes similitudes culturelles qu’elles ont avec les autres peuples forestiers d’Afrique centrale et australe, les Guinéens du Sud du pays sont demeurés jusqu’ici réfractaires à leurs habitudes culinaires pourtant riches et variées, préférant celles de leurs voisins immédiats. La reconversion alimentaire des Forestiers guinéens (les seuls à jour du privilège, au pays, de porter le nom de leur habitat) est d’autant facile que ces populations produisent déjà (et pourraient produire davantage) la banane, le manioc, l’igname, le taro dont les autres tirent toute une variété de mets aussi succulents les uns que les autres.

La Côte d’Ivoire voisine que jouxte la Guinée Forestière, tire du traitement de manioc moult mets. On peut citer le plus connu des Guinéens, l’attiéké ! Le plat d’attiéké est aujourd’hui vendu dans tous les restaurants et principaux carrefours de la capitale guinéenne. Tout le monde l’apprécie et le déguste avec avidité. Le placali, la gari, le foufou manioc moins connu de nos compatriotes sont tout autant délicieux et comptent au nombre des plats nationaux ivoiriens, en particulier au centre et au sud du pays. Il faut ajouter qu’en Guinée même, le manioc sert à préparer le tô plus ou moins assidûment consommé dans les quatre régions.

Plus loin de la Guinée, en Afrique centrale, le manioc entre dans la préparation d’un grand nombre de repas. On en tire des plats nationaux. Par exemple au Gabon, on l’écrase, malaxe et en extrait une pâte que l’on cuit dans des feuilles. Ce plat dégusté à la sauce, est à la table de tous les « pontes ». Aussi, c’est avec le manioc qu’est préparé le gari bien connu surtout des Togolais, des Béninois, des Nigérians.

L’igname entre dans la préparation de divers mets, notamment le foufou igname, autre plat national prisé des Ivoiriens. Ce tubercule est aussi très consommé au Ghana dans de nombreux mets.

Dans les zones forestières, la banane plantin encore appelée banane aloco joue un rôle prépondérant dans l’alimentation. L’aloco est un aliment populaire en Côte d’Ivoire. Il accompagne les grillades (poulet, poisson, etc.), voire l’attiéké. Il peut aussi servir d’amuse-gueule. Le taro est un tubercule prisé dans des pays tels que le Cameroun. On s’étonne que les habitants du sud de notre pays ne s’inspirent pas de la culture alimentaire des autres forestiers pour diversifier leurs alimentations, mieux se nourrir et faire faire à la Guinée quelques petites économies. Cela peut toujours améliorer, tant soit peu, notre réserve de change !

Abraham Kayoko Doré