A l’occasion de la journée internationale de la jeune fille, Plan International Guinée multiplie ses activités dans la promotion des droits des jeunes filles. Le 23 octobre, dans un réceptif hôtelier de Cona-cris, l’Ong a animé un panel sous le thème : comment renforcer le développement du leadership des jeunes filles et la possibilité de leur participation dans les instances de prise de décision.
Plusieurs étudiantes et militantes de la promotion des droits des jeunes filles et des nounous ont participé à la rencontre.Dame Camara Aissata Traoré, bouffe-la-craie à la retraite et activiste des droits des filles et des nounous, était l’une des panélistes. A l’entame de son intervention, elle a salué le choix du thème qu’elle trouve mûrement réfléchi.
D’après elle, il y a très longtemps que la lutte pour l’éducation, la promotion du leadership des filles et des nounous a débuté. Mais à un moment, il faut se rassurer que les filles ont compris quelque chose par rapport à tout ce qu’elles ont reçu comme soutien de la famille, de la population, de l’encadrement à l’école. « Si oui, qu’est-ce qu’elles peuvent en faire ? Ensuite, se poser la question de savoir notre contribution en tant qu’ainés, les institutions de développement en faveur des filles et des enfants de notre pays ? Et dans l’avenir, qu’est-ce que cela permet aux jeunes filles de devenir ? C’est cela la problématique », lance-t-elle aux filles, avant de reconnaître le travail que font les activistes et institutions qui s’impliquent dans l’épanouissement de la jeune guinéenne. « C’est à travers ces espaces d’échange comme ce panel que la jeune fille peut apprendre à prendre la parole en public. Peut-être que certaines d’entre vous ont amassé des compétences, des formations ou des connaissances, etc. Cela permettra à celles qui ont déjà la volonté d’agir, de se développer, d’entreprendre quelque chose et vous inspirer de ses modèles pour évoluer, parce qu’il ne s’agit pas de demander aux filles ce qu’elles veulent faire, mais il faut plutôt leur montrer le chemin à suivre. S’il y a plusieurs chemins, qu’elles choisissent celui qu’elles désirent pour aboutir à une bonne finalité ».
Dame Fatoumata Hann, directrice exécutive de WAFRICA Guinée (Women Africa), comprendre Femmes d’Afrique et consultante en Droits humains et développement, déclare qu’en observant les filles aujourd’hui, elle a l’imprécision de voir deux tableaux. Et l’on réussira à peindre le bon tableau que lorsque les filles prennent conscience et s’engagent. « Tout dépendra de l’engagement qu’on a en soi. Il y a des choses qui ont été mises à votre disposition par exemple, la scolarisation de la jeune fille. Après qu’elles ont été allées à l’école, il faut impérativement qu’elles fassent partie dans les instances de prise de décision, qu’elles gouvernent comme les hommes. Pour cela, les chiffres ont commencé à augmenter. Malheureusement, tout ce chemin était semé d’embuches. Certes beaucoup de filles ont pu aller à l’école, mais dans quelles conditions ? Certaines sont allées mais le mariage et d’autres faits sociaux leur ont freiné le chemin. Certaines ont pu aller à l’école, mais les familles n’ont pas compris qu’elles doivent aller à l’école comme les garçons, et l’on doit les laisser étudier comme les garçons, c’est-à-dire avoir les mêmes privilèges et les mêmes opportunités. Néanmoins, on a quand même avancé », s’est félicitée cette activiste. Dame Hann ajoute que l’avenir, c’est comment consolider ce qui a été fait. « Continuons de travailler sur les embuches, Plan Guinée le fait et nous toutes d’ailleurs. Donc pour moi l’avenir, il reste dessiné comme on veut, mais laissons le chemin qui nous empêche d’aller vers cet avenir radieux. »
Le chemin de l’école est de nos jours un lieu non sécurisé
Pendant que nous avons dit aux parents d’envoyer les filles à l’école, l’école est devenue un lieu non sécurisé. « Avant, les parents nous disaient qu’une fille qui arrive en 6ème année, une fois au collège, c’est aller trop loin, parce qu’il y a le problème de sécurité sur le chemin de l’école. Aujourd’hui, on entend des choses qui se passent à l’école qui font peur. Il faut donc régler ce problème au plus vite, parce qu’il ne faudrait pas que les filles soient exposées où elles devaient être protégées. Quand c’est le cas, c’est dramatique. Donc, on aura tous failli. Et l’Etat, et nous parents mais également l’encadrement. Donc pour moi, aujourd’hui si on doit continuer un combat, c’est celui de l’éducation. Sécurisons le milieu scolaire pour que vive l’épanouissement de nos filles. Si cela est fait, une fois que nos jeunes filles iront à l’école, elles seront capables de prendre leur destin en main et aller vers cet avenir radieux ».
Pour l’initiatrice du projet « Une fille, un avenir », Lydie Tonguino, certes, ces filles sont considérées comme des jeunes, mais elles peuvent être des leaders qui peuvent promouvoir le changement dans le futur. Donc, il est « impossible de parler d’avenir sans parler de leadership ou sans impliquer nos jeunes filles dans ce processus », a-t-elle affirmé. Parlant de la vision des filles pour l’avenir dame Lydie, pense qu’on n’a pas besoin de créer un avenir pour chaque jeune fille. C’est plutôt à elles de créer le chemin à suivre pour être épanouie. « Pour leur permettre d’avoir cette vision de l’avenir, il est important de créer des espaces d’échange dans le but de les écouter, comprendre leur préoccupation pour leur donner des orientations. Après cela, je pense qu’il est aussi important de mettre en place des moyens et des opportunités, les accompagner dans la réalisation de leurs aspirations. De nombreuses filles rêvent de réaliser de grandes choses, mais elles ne sont pas écoutées, elles ne sont pas orientées pour y arriver. En tant que représentante des organisations qui œuvrent pour la promotion des droits des femmes, nous devons multiplier des espaces d’échanges pour écouter les jeunes filles, créer des moyens pour les accompagner…»
Avancées en matière des droits des jeunes filles et défis à relever
A en croire Dame Camara Aissata Traoré, il y a eu des avancées en matière d’éducation et de la promotion des nounous en Guinée, parce que, dit-elle, dans certains villages, avant, on ne pouvait pas parler de la scolarisation des filles, encore moins leur laisser avoir l’examen d’entrée en 7ème année, quitter leurs villages et terminer leurs études ailleurs. « Et les moyens n’étaient même pas là pour construire des infrastructures pour qu’il y ait des collèges dans ces villages… A ce jour en Guinée, nous avons gagné le pari de la scolarisation de la fille, c’est-à-dire qu’à l’inscription en 1ère année, avant on ne pouvait trouver que 20% des filles ou même moins, tout le reste c’était des garçons. Mais maintenant, à l’inscription, on peut trouver plus de 50% de filles. Tout cela, grâce aux activités d’information, de sensibilisation que les militantes des droits des femmes organisent pour expliquer aux communautés l’importance de l’éducation en soi, mais encore plus celle de la fille. Nous n’avons pas gagné le pari en totalité, mais ne baissons pas les bras », a conclu dame Camara.
Kadiatou Diallo