Du 22 au 24 octobre, s’est tenue à Kazan (Russie), la grande messe des BRICS, autour du Tsar rouge, Vladimir Poutine. Le sommet a rassemblé deux douzaines de dirigeants mondiaux dont le Chinois Xi Jinping, l’Indien Narendra Modi, le Turc Recep Tayep Erdogan, l’Iranien Masoud Pezeshkian, le Brésilien Lula Da Silva. Le premier sommet des 4 pays BRIC (Brésil ; Russie, Inde, Chine) a eu lieu à Lekaterinbourg en Russie. Le groupe des BRIC compte au départ quatre pays faisant partie des dix premières puissances économiques mondiales. Ce sont d’ailleurs les premières lettres du nom de ces pays qui forment l’acronyme BRIC.
Fâchés avec leurs collègues de l’Occident qui se prennent pour les gendarmes du monde et se croient investis de la mission de veiller à la bonne marche de la planète, les instigateurs des BRICS la créent pour trouver les moyens de reformer les institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale, afin de permettre aux économies émergentes de mieux se faire entendre et d’être mieux représentées. Comme élément de cette stratégie, ils projettent de mettre en place une banque de développement avec une monnaie unique. Mais cette idée demeure encore une vue de l’esprit. Ils sont aussi déterminés à participer à la construction d’un monde multipolaire qui n’asservit ni les individus ni les Etats mais qui promeut la liberté et le bonheur.
Rapidement ce groupe a pris des galons, imposé sa marque et, par conséquent, séduit du beau monde, particulièrement au sein des Etats du sud global. L’Afrique du sud a déjà rejoint, en 2001, les quatre Etats fondateurs précédant une vague plus importante formé de la Turquie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte et l’Ethiopie. Le groupe compte donc aujourd’hui neuf Etats éparpillés entre l’Afrique, l’Amérique l’Asie et l’Europe. Il représente 45% de la population mondiale et 37% du PIB de la planète. Aux portes de ce qui ressemble à la caverne d’Aly Baba, se bouscule encore une pléthore de candidats tels que le Nigeria, l’Algérie, le Maroc et tutti quanti.
En dépit de l’apparente convergence des points de vue, de vision et de mutualisation des moyens et des efforts pour atteindre les objectifs visés, il demeure encore de profondes raisons de dissension entre les BRICS. La Chine et l’Inde se crêpent le chignon pour s’attribuer le leadership de l’organisation. Tous ne soutiennent pas avec la même ardeur, la Russie « dans son opération spéciale de dénazification et de démilitarisation » contre l’Ukraine.
En tout état de cause, ces nombreux Etats de cultures différentes, de niveau de développement épars, d’idéologies contradictoires, de capacité financière incomparable, ne peuvent pas s’entendre sur tout dans la mesure où, outre leurs différences, ils sont obnubilés par leurs intérêts. L’Egypte et l’Ethiopie ne sont-elles pas en conflit quasi ouvert à propos de la gestion des eaux du Nil ?
En dépit de leur détermination et de tous les atouts dont ils disposent, les BRICS ont encore fort à faire pour bousculer les occidentaux et réaliser leurs aspirations. On espère que le sommet de Kazan les rapprochera davantage de leur espoir ou espérance.
Abraham Kayoko Doré