Le 5 novembre, les Yankees ont élu leur 47è Président, le républicain, Donald Trump qu’ils ont pourtant viré de la Maison Blanche, il y a quatre ans. Ils l’ont préféré à Kamala Harris, la démocrate. Les deux candidats étaient porteurs, chacun, d’une vision de l’Amérique de l’Once Sam.

Kamala Harris, dans la pure tradition démocrate, a défendu une Amérique ouverte sur le monde, non arcboutée sur un protectionnisme agressif concernant aussi bien les personnes que les biens. La problématique de l’immigration, de son point de vue, doit donc être traitée sans passion, ni émotion excessive. Le continent américain n’a toujours pas été celui de l’immigration ? Elle a exprimé sa volonté d’apporter une Amérique qui promeut le bien-être de tous ses enfants, toutes classes sociales confondues.

Toutefois, les observateurs avisés notent que Kamala Harris a accordé peu d’intérêt aux basses classes, bassin traditionnel électoral démocrate et focalisé ses efforts sur les classes moyennes, considérées par les sondages comme pourvoyeuses de la masse critique des indécis qu’elle n’a pu d’ailleurs convaincre. Certains considèrent cette erreur comme l’une des principales causes de l’échec de la démocrate, échec qui a bien d’autres explications. Le désistement tardif de Joe Biden a retardé le départ de Kamala, dans la creuse. Elle n’a eu que trois mois pour battre campagne alors que son rival s’y préparait depuis quatre ans. Aussi, force est d’admettre que compte tenu de la brièveté du temps, le Parti Démocrate a préféré plébisciter sa candidate au lieu d’organiser une vraie primaire traversée par différents courants. Le casting qui a abouti au choix de Tim Walz aux dépens du vieux briscard Joseph Shapiro, Gouverneur de la Pennsylvanie, le Swing State des Swings States avec ses 19 électeurs s’est avéré désastreux. Qui remporte cet Etat est à la Marion Blanche, dit-on aux Etats-Unis.

Une étude in fine des élections révèle que les jeunes, les femmes blanches que les Démocrates croyaient avoir dans l’escarcelle se sont détournés d’eux. Les temps changent, les hommes et les mœurs aussi. Pire, l’électorat afro-américain du Michigan a boudé Kamala.

En outre, Kamala n’a pas eu en face un politicien normal, respectueux des normes en la matière, coutumier de la rhétorique et de la gestuelle politiques. Donald Trump est un hâbleur, un narcissique,  et de surcroît, grumier. Il manie avec autorité la théorie complotiste. Ne  s’avouant jamais vaincu, il crie partout au trucage du vote sans jamais apporter la moindre preuve que lui exigent les juges électoraux. Il n’a jamais ainsi reconnu sa défaite de 2020.

Il prétend qu’avec lui, il n’y aurait jamais eu la guerre russo-ukrainienne, ni celle qui oppose Israël aux Palestiniens, à Gaza et au Liban. Il accuse (toujours sans preuves), les immigrés d’être des bouffeurs de chiens et de chats des bons Américains et les immigrés, en général, ces criminels qu’il menace d’expulser par millions. Champion toutes catégories du protectionnisme de tous genres, il envisage de fortes taxes, lourdes au cordon douanier, particulièrement sur les importations européennes et chinoises.

Face à cette avalanche de propos négatifs et belliqueux, un Professeur américain considère le retour de Trump aux affaires comme une catastrophe.

Parfaitement au fait de ces esclandres, les Yankees n’ont pas eu la force d’éconduire celui-là même qu’ils avaient déjà viré, en 2020. Ils l’ont réélu confortablement. Mais à quelque chose malheur est bon. Dorénavant, on croit que la bouffonnerie politique n’est pas l’apanage de l’Afrique. On la retrouve partout. L’ineptie du milliardaire de Floride en politique a quelque peu écorné l’image de la première démocratie du monde, l’Amérique. Convenons-en !

Abraham Kayoko Doré