Du journalisme à la politique, Mamadou Oury Diallo et Ibrahim Kalil Diallo ont franchi le pas. Anciens de FIM FM, ils ôtent leur manteau de journaleux pour celui de politicards. Le premier pilote le Mouvement des patriotes libéraux, MPL, le second est prési de Agissons pour la Guinée, AGP. Ils veulent « participer au changement de destinée de la Guinée ». Amen !
Suite à la fermeture de leur radio, des journaleux-chroniqueurs de l’émission « Mirador » de FIM FM, fermée en mai dernier, rebondissent ailleurs. Mamadou Oury Diallo et Ibrahim Kalil Diallo changent de fusil d’épaule. Les années d’animation d’émissions débats sur la politique en Guinée leur ont inspiré une carrière politique. Le 4 novembre, le premier a informé le ministère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation son entrée en politique. Le second envisage de l’officialiser en janvier prochain.
Le patron du MPL avoie « avoir été militant » durant son cycle universitaire. « J’ai toujours eu dans mes centres d’intérêt la politique ». Même que les débats politiques étaient son quotidien dans les émissions qu’il animait sur des radios privées. Mais c’est le contexte actuel du bled qui aura précipité son arrivée en politique.
« J’ai dû anticiper, faire le pas, pour continuer de participer à la vie publique, au débat national. Cette fois-ci, je veux demander les suffrages des Guinéens à l’occasion des élections, influencer positivement la prise des décisions… Histoire d’éviter que des décisions catastrophiques que nous avons connues et subies ces deux dernières années soient prises ». Au bout du fil, il demande de le juger à l’œuvre.
« Changer les choses »
Ibrahim Kalil Diallo, prési du mouvement Agissons pour la Guinée, AGP, pointe quant à lui des « entraves qui paralysent » le pays. Un constat fait pendant plus de 13 ans passés dans la presse guinéenne. Il dit avoir dénoncé toutes les « dérives » en tant que journaleux, mais se rend à l’évidence que critiquer ne suffit pas : « J’ai décidé de prendre les choses en main. Je ne vais pas rester en retrait pendant que notre nation s’enlise. M’engager en politique est une nécessité : je veux être au cœur des décisions, pour changer enfin les choses et lutter contre ce statu quo inacceptable ».
Pour Ibrahim Kalil Diallo, contrairement à ce que certains pensent, « l’argent n’est pas sa priorité ». Son ambition ? S’entourer d’« une équipe dynamique et engagée prête à combattre pour l’avenir » de la Guinée. « Je ne reculerai devant rien et je suis convaincu que notre vision, notre courage et notre engagement feront la différence. Nous ne laisserons personne nous détourner de notre objectif ».
Restaurer la démocratie
Après sa prise du pouvoir le 5 septembre 2021, la junte militaire s’est engagée en octobre 2022 de rendre le pouvoir aux civils dès le 1er janvier 2025, à l’issue d’élections inclusives, transparentes et acceptées de tous. Aujourd’hui, ce chronogramme est mis aux oubliettes. Ibrahim Kalil Diallo y voit une « véritable trahison ». « Nous assistons à une restriction inacceptable des libertés. C’est une situation bien pire que celle que nous avons connue auparavant. Les justifications du coup d’État sont devenues des mensonges éhontés. Les droits des citoyens sont bafoués, la peur est omniprésente. Cette transition a échoué et je suis déterminé à m’opposer à cette dérive. Nous devons mobiliser nos forces pour combattre cette montée de la dictature et restaurer la démocratie ».
AGP sera lancé en janvier et ouvert aux alliances « qui partagent la vision d’une démocratie véritable et représentative. Nous soutiendrons sans hésitation toutes les initiatives qui vont dans ce sens ».
Rouvrir le dialogue
Le prési du MPL, Mamadou Oury Diallo, croit que le président de la transition honorera sa parole d’officier. « L’exigence est que le Général respecte ses engagements. Cela suppose qu’il devra retourner le pouvoir aux civils. Maintenant, dire qu’il va quitter avant décembre 2024 n’est pas réaliste ».
Mamadou Oury conseille de rouvrir le dialogue, avec la participation des exilés et des détenus politiques, afin « qu’ils rediscutent la nécessité d’aller ensemble vers la fin de la transition. Certains pensent que cela peut-être en fin décembre ou en fin 2026, pourvu que ce soit une sorte de consensus général. C’est ce qu’il y a à faire en ce moment, mais il est nécessaire que le pouvoir revienne aux civils ».
Mamadou Oury Diallo annonce que MPL présentera des candidatures indépendantes aux élections locales, législatives et à la présidentielle. Un vaste programme !
Souleymane Bah